Quand tout fout le camp

L'heure était grave, le visage du vampire s'était fermé, assombri par les paroles qu'il venait d'entendre. Il se devait de réagir, c'était un affront total à la civilisation à laquelle il assistait! Un recul ignoble avait lieu. Ces événements qu'il pensait appartenir à un passé révolu était arrivé sans même qu'il ne puisse prédire un tel désastre ou en tout cas pas aussi vite.

Éclairé par la lueur fébrile d'une ampoule, son visage avait un léger hâle orangé qui lui donnait l'impression d'un excès d'UV. Les gens avaient un culot monstre, oser faire une telle loi en cette période. Mais c'était peut-être là l'instinct même de l''homme. Ce sont les peuples les plus civilisés qui avaient commis les pires atrocités, et voilà qu'à présent ils pourraient le faire de façon légal. Se donner un cadre juridique pour agir en toute impunité.

Eux qui avaient déjà subi plusieurs vagues torrentielles d'augmentation exponentielle de la haine subissait une des étapes ultimes avant leur ... éradication. Car c'était bien cela la finalité d'un tel projet, lui n'était pas dupe et personne ne l'était. chacun devait avoir conscience que devant ces mots lourds se cachaient une future tuerie. Cormag n'en serait pas le spectateur, le temps n'était plus à la négociation, ce n'était pas avec ses dons d'orateur qu'il pourrait endiguer la crise. Il se devait d'agir pour lui mais pour les autres avant tout! Il se devait de leur assurer une sécurité, leur offrir un lieu où aucune loi arbitraire ne ferait main mise sur des innocents. Personne ne bafouerait les écrits de la constitution qui était pour l'homme l Il s'était connecté sur internet comme à chaque fois qu'u'il voulait jaugé de ce que provoquait un fait divers, une nouvelle loi, un drame, qu'elle ne fut pas là son erreur, comme toujours ceux qui réagissaient dans les divers fils de discussions des journaux en lignes étaient les extrêmes et les propos auraient pu glacer son sang si cela n'était pas déjà le cas. La population se réjouissaient, entre ceux qui organisaient déjà des concerts pour fêter la bonne nouvelle. Il aurait vraiment voulu que tout ceci ne soit le fait que de son imagination, il aurait vraiment voulu que ceci soit le sujet d'un pamphlet mais non son imagination fertile n'était pas à l'oeuvre. La réalité était bien là, et malgré l'abjection que provoquait les réactions qu'il lisait, il ne pouvait s’empêcher de continuer. Las, il ferma son laptop les propos virulents, la propagande et les annonces de "nettoyage" ne lui laissaient aucune autre initiative. Cormag MacAllister est connu et reconnu comme étant un vampire et même LE vampire à abattre, son nom avait été cité maintes fois sur ce qui se prénomme "la liste noire" où figurent aussi bien des célébrités que des anonymes, n'importe qui pouvait s'y trouver. Il n'y avait aucune fiabilité et pourtant les adresses filtraient, une ou plusieurs personnes ne tarderaient pas à investir son habitation et  il n'allait pas s'y terrer. Heureusement ce qui est moins de notoriété publique était une de ses autres propriétés.

Le Silver Queen, de toute façon sa maison aussi grande soit-elle ne rivalisera pas avec les 200 chambres de son hôtel, il espérait que ce serait assez, il redoutait même que ce lieu en soit pas assez grand pour accueillir toutes les âmes ayant besoin d'un refuge de toute façon il ne refuserait personne même si cela signifiait se débarrasser de meubles. Se tenant la tête entre les mains, il prit vite conscience qu'il se devait aussi d'assurer la sécurité de chacun tout particulièrement les fées qui pourraient être source manifeste de désordre. C’est très vite en se dirigeant en ce lieu, qu'il pensa aussi à créer des zones, certes ce n'était pas dans son idéologie mais il était assez réaliste et il fallait éviter les risques. De toute façon les troubles fêtes risquaient de ne pas faire long feu, peut-être qu'il ne se débarrasserait pas d'eux mais il ferait en sorte qu'il ne puisse plus agir. L'écrivain était juste mais pas naïf. Il avait un contact en qui il avait toute confiance, il devait faire quand même en sorte que les personnes devant se réfugier sache qu'un lieu de résistance se mettait en place sinon ce serait un peu une stratégie vaine! Cormag pénétrait donc le cœur lourd dans cet hôtel qui était étrangement vide.

Quand tout fout le camp

Ce lieu était vide, mais où était passé ne serait-ce que le personnel de l’accueil. Le vampire n’avait pas  temps de se poser vraiment la question, après tout peut-être qu’avoir pris un jeune couple en leur accordant une trop grande confiance avait été son erreur. Cormag n’avait en effet pas remis les pieds en ce lieu, le délaissant même, sa vie ayant été plus que tourmentée ces derniers temps. Secouant la tête, le moment n’était pas à réfléchir au passé aussi proche soit-il mais bien de prendre un temps d’avance et réfléchir aux prochains coups. Cormag ne se contenter pas de penser à l’instant T mais bien toutes les parades possibles qu’il devait mener et ce n’était pas chose aisé. Déjà, il était seul et il avait beau avoir toutes les bonnes intentions, seul il ne pourrait pas faire grand-chose. Le bout de ses doigts pinçant l’arrête de son nez, les paupières closes, la respiration se faisant régulière telle qu’il semblait s’adonner à un exercice de relaxation, le vampire semblait perdu. En fait non il était dévasté. Le silence pesant de la pièce n’arrangeait en rien ses craintes. Et le voilà en train de e questionner sur le fait que ce lieu n’était peut-être pas le choix le plus judicieux, après tout n’est-ce pas la pierre angulaire de ce qui est en train de se dérouler ? N’est-ce pas ici le prémisse du drame qui se produit ? Oui et non, certes l’hôtel a connu une tragédie, la prise d’otage, les vampires étant visés, certes ce lieu est responsable de la découverte des autres races mais justement personne ne penserait à lui en priorité ! Qui irait vers un lieu maudit, qui trouverait refuge vers l’endroit qui est dans l’imaginaire collectif le symbole même du début de la perdition ?! Un sourire narquois naquit sur les lèvres fines et gercés du vampire, il n’avait pu s’empêcher de penser à différents gros titres #Le Silver Queen, du danger à la liberté# et tout un tas d’autres slogan de ce genre, il se persuadait déjà d’une fin positive mais ça c’était utopique et il n’était pas l’heure de se croire dans un conte de fée. De toute façon même si cette loi vint à être abolie, elle laissera des marques indélébiles, et rien n’empêcherait sa remise en place. Se levant d’un bond, MacAllister donnait des coups rapides dans le vide comme un boxeur se préparant à un combat, énergique et se voulant optimiste, il s’arrêta net son ouïe ayant perçu un son. Étrangement ses narines frétillèrent, se mordillant les lèvres par pur réflexe et sans aucune envie néfaste, il se dirigea vers le lieu où se trouvait cette fée à l’aide de sa vélocité. Il avait peur que considérant le lieu abandonné, la personne fui au loin, les pièces étaient plongées dans l’obscurité, ayant pris la peine de se saisir d’une lampe de poche ce dernier la lança en direction de la silhouette sans crier gare. Ce n’était pas vraiment malin, un bruit sourd se fit entendre et comme la personne ne semblait pas sujette à se présenter ou poser des questions, le vampire se lança en premier.

« Qui que vous soyez et quoi que vous soyez, ici vous serez en sécurité, je vous l’assure ! » tout en prononçant ses mots, Cormag espérait ne pas avoir assommé la première personne étant venue chercher secours, cela serait vraiment mal parti pour la confiance et l’assurance de la sûreté de ce lieu.

Quand tout fout le camp

La perception de sa seule invitée n'était sûrement pas coutumier de la pénombre mais après tout elle n'était pas une créature de la nuit, et cela était la preuve pour Cormag qu'il fallait éclairer un minimum la pièce afin que le lieu ne devienne pas le terrain de jeu des vampires. La voix hésitante de la demoiselle semblait laisser penser qu'elle était encore craintive mais si elle était ici c'était à coup sûr que son message était passé. La personne devant faire savoir que ce lieu était un refuge était assurément à l'initiative de la venue de la blonde.

"Enchanté!" le ton était trop enjoué au vu du lieu délabré qui donnait une impression lugubre, le genre de lieu idéal pour un film d'horreur où il faut un endroit infesté de fantômes. "Je suis Cormag" au moins l'intonation ici était bien plus neutre, et stricte. Tel un enfant si enjoué de faire une nouvelle connaissance qu’il tente de retrouver contenance après s'être laissé trahie par une trop grande démonstration. Arquant un sourcil face à ce qui semblait être une accusation de la fée, l'écrivain regardait autour de lui après tout ce lieu était connu pour être l'antre de cette race. De plus, son "ami" qu'il avait envoyé diffuser l'information de cette résistance était aussi un vampire, la surprise dont faisait preuve Alana ne pouvait signifier qu'une chose. Mais là n'était pas le plus important, il se devait de la rassurer! Il ne pouvait pas la laisser céder à la panique et la laisser envisager la fuite, ce serait un échec pour lui.

Posant la paume de sa main sur son cœur, geste involontaire signifiant une promesse tacite, il prononça ces quelques mots "Je sais ... et je suis conscient de ce que cela signifie ... mais croyez-le nous ne sommes pas tous si ... sanguinaires! Ici vous aurez une section dédiée à votre race!" Là était le petit désaveu de "l'homme" séparant les races afin d'éviter les ennuis, c'est bien qu'au final même ici il y a un risque, non? Ce qu'il y a, c'est que même si ses idées sont vues comme utopiques il ne prétend aucunement la perfection de sa pensée et sait qu'elle présente des failles, et compte agir en tenant compte de la présence probable de brebis galeuses.

Reculant face à la naissance inattendue de la source lumineuse émanant de la fée, Cormag devait se faire à l'évidence que la demoiselle n'avait pas cru l'once d’un mot de ce dernier. Même si il n'avait jamais été confronté à cela, il était assez rusé et avait entendu assez de choses pour savoir qu'il ne devait évidemment pas minimiser le danger qu'elle pouvait présenter! Mais si jamais elle venait à pointer les projecteurs ici, tout serait perdu. Toutefois, elle semblait bien plus désemparée qu'autre chose, en effet elle ne contrôlait pas ce qui se passait et formulait son désir que ceci cesse, même si le mot qui avait surpris  était "Gui", observant les alentours il se demandait si c'était là le nom d'un tiers, mais nada. Pouvait-il lui demander? Était-ce vraiment nécessaire dans l'immédiat ?

Émettant un petit cri plaintif face à ce qui était certes véridique mais qui vexait le propriétaire face à la désuétude de son hôtel, il énonça d'une voix plus faiblarde "Cet hôtel est mien à présent! » le laïus qui suivait était bien plus entraînant, "Ici se trouvera un refuge pour tous ce qui en ont besoin .... en tout cas là est ma volonté et même si tu es la seule présente, ici tu seras sauve!" Bien sûr, le vampire ne souhaitait pas qu'il n'y ait aucune autre personne, après tout il faisait passer le mot par son intermédiaire, à son tour il se devait de questionner son invité "Mais dis-moi, comme ce n'est pas par le bouche à oreille que tu as entendu que ce lieu allait devenir le berceau de la résistance, comment êtes-vous arrivé ici?!" L'écrivain fixait les traits du visage de la femme qui étaient empreints d'une douceur qui le poussait à lui faire confiance, il ne devait pas s'imaginer le pire. Pouvait-elle être à la solde du gouvernement? Non c’était impossible, ses émotions étaient réelles, elle n'avait pas pu simuler sa détresse! Quoique! "Alana, dois-je penser que tout se passera bien?!" la question était dite avec une froideur qui contrastait totalement avec l'attitude précédente de l'homme mais sied bien à l'environnement, cette question n'avait rien à voir avec le futur de la loi mais concernait juste la fée : était-elle venue en paix? Devraient-ils se battre?!