Depuis que John n'avait plus de nouvelles de sa fiancée, il devenait incontrôlable. Il se fichait de tout. De toute manière, il n'avait rien à perdre. Il devait retrouver Eleanora et rapidement. Avec ce qu'il se passait, rien n'était sûr dans les rues de Shreveport pour des gens comme lui... Des gens même comme Eleanora au final. Il avait prit sa voiture et se décida à aller à l'hôpital dans le but de fouiller un peu. Il espérait trouver des indices pour la retrouver.

Il se gara à la place qui lui était attitrée et passa dans le hall en regardant furtivement les gens qui se trouvaient là. Il vit la secrétaire se lever et l'appeler plusieurs fois. Il semblerait qu'avec la vague d'épidémie, sa présence ne serait pas de trop. Il y avait du monde mais John ne voulait pas prendre le travail. Il n'en avait pas l'intention et à l'instant présent, c'était une perte de temps pour lui. Il n'y eu pas un bonjour tant son esprit était préoccupé. Il glissait presque sur le sol, se retenant de courir de toute la vitesse qu'il pouvait mettre.

Il passa son chemin, son attention concentré sur une seule chose. Son but était tellement encré dans son esprit qu'il ne remarqua pas que quelqu'un le talonnait à quelques mètres. Et quel idiot faisait-il de ne pas se méfier. Il était au sein d'une bombe à retardement qui pouvait exploser à tout moment. Après tout, il était un vampire, même si personne n'était au courant ici, -mis à part surement Henry mais John lui faisait confiance, c'était un ami loyal- et si l'information comme quoi il était vampire venait à se faire savoir, il risquait de se faire emmener vite fait. Sa bonne réputation et sa relation avec Eleanora aidait surement à la dissimulation de sa véritable identité.

Il n'alla pas vers son bureau mais celui de sa fiancée. Il poussa la porte où l'écriture noire et brillante reflétait un Docteur Winter. Il alluma et commença à chercher. Il ne savait pas quoi exactement, un indice, n'importe quoi qui pourrait le mener vers sa femme. Peu convaincu, il finit par se laisser tomber dans le fauteuil de son bureau, attrapant la blouse blanche de celle qu'il aimait et la serrant contre lui. Le tourment se lisait sur son visage et quelques larmes de sang vinrent perler sur le coin de ses yeux, alors qu'il finit par porter la blouse à son visage dans le but de humer profondément l'odeur si particulière de sa future femme, y laissant quelques traces de ses larmes de sang sur le blanc immaculé. Elle lui manquait terriblement.

Quand John retira la blouse de son visage, il remarqua enfin une autre odeur étrange. Semblable à celle d'Eleanora mais il reconnu par certaines subtilités que ce n'était pas elle. Que faisait une fée dans les parages ? Quelques coups à la porte. John bondit sur ses pieds. Il vit la poignée de la porte tourner doucement. De sa vitesse vampirique, il alla se caler derrière la porte et contre le mur. John voulait saisir sa chance de poser des questions à l'intrus. La porte s'ouvrit timidement, John sortit ses crocs. Pour lui, tout ce qui comptait, était de retrouver Eleanora et peu importe les moyens. Cette fée pouvait peut être le renseigner...

Il claqua la porte d'une main très rapidement et se jeta sur l'intru en la plaquant contre une étagère. Il prit soin de barrer sa bouche de sa main. Mais à peine avait il fait celà qu'il regretta son geste. Il avait perdu de la prudence avec son entêtement à retrouver Eleanora. La personne qu'il tenait prisonnière était en fait une ancienne patiente qu'il avait sauvé de Sullivan. Son créateur avait perdu un jour le contrôle et s'était attaqué à cette fille. John l'avait arrêté de justesse avant de la ramener à l'hôpital et la soigner. Elle avait alors vu en John un véritable sauveur, mais la demoiselle devenait de temps en temps un peu trop collante, car elle cherchait à retrouver Sullivan. Ce vampire qui avait failli la tuer. Elle voyait en leur espèce une véritable menace.

L'air agressif de John se changea doucement, passant d'une surprise apparente à un air profondément désolé. En vu des canines qui sortaient de ses gencives, et du sang encore frais étalé sous ses yeux, dû à ses dernières larmes. il ne pouvait plus nier. L'hypnotiser ? John avait appris contre son grès que les fées en étaient insensibles. Il rétracta en premier lieu ses crocs, mais garda prise, laissant sa main plaquée contre le visage de la jeune femme. Il lui souffla alors doucement et de manière très douce:

« J'ai cru que... Je suis désolé, avec tout ce qui se passe je suis un peu à cran... et je suis désolé que... que... tu saches ce que je suis en réalité... Enfin que tu l'aies découvert comme ca... Écoute... »

Son souffle était court. Même si son coeur ne battait plus, sa respiration montrait qu'il gardait une profonde angoisse face à la situation qui se déroulait.

« Je vais te lâcher mais tu dois me promettre de ne pas hurler, ni de vouloir t'enfuir. S'il te plait... Parce qu'ils vont débarquer et ils vont m'emmener si c'est ca... Et tu sais... Tu sais que toi et moi, on est dans la même galère avec les nouvelles directives de l'état. Tout ce que je veux, c'est retrouver ma femme. Elle est comme toi tu sais... »

Il ne savait pas si elle connaissait sa vraie nature réellement, alors John lui donna un indice.

« Elle peut lire dans les pensées... Eloïse, regarde moi et rappelle toi que je t'ai sauvé. Alors, promets moi, s'il te plait et je ne te ferai aucun mal. »

Ses yeux bleus marines étaient fixés sur les yeux gris clair de la jeune femme. Il attendait sa réponse, le souffle court. Il ne voulait pas faire du mal à Eloïse mais si elle venait à représenter une menace à cet instant, il risquait de devoir la mettre hors service. Il espérait juste qu'elle ait assez confiance en lui pour l'écouter.

Beaucoup pensait à tord que les vampires étaient des monstres sans scrupules. Beaucoup avait oublié qu'ils avaient été humains autrefois. John ne niait plus qu'il avait aussi des instincts primaires très agressifs en lui. C'était le sang que Sullivan lui avait donné il y a 377 ans qui en était la cause. Un sang qu'il eut au début du mal à maitriser et il était conscient que pendant ses 200 premières années en tant que vampire, il n'avait pas cherché à les contrôler. Mais aujourd'hui, tout était différent. John était un vampire pacifiste. Eleanora était de celle qui l'avait aidé à retrouver sa part d'humanité.

Mais aujourd'hui, il avait peur. Il était mort de trouille. A chaque instant. Quand il se réveillait, reprenant vie parmi les humains et jusqu'aux longues heures après le levé du soleil alors qu'il luttait pour ne pas sombrer. Les vampires n'étaient plus les chasseurs, mais les traqués. Mais le pire était que sa femme avait disparu ou sa fiancée dans cette vie. Ils avaient été mariés dans une autre vie et John avait parfois du mal à séparer sa vie d'humain d'il y a 400 ans à celle qu'il avait aujourd'hui.

A cet instant, il attendait la réponse d'Eloïse. Non, il ne voulait pas faire du mal à cette jeune femme, qui lui faisait aussi tant penser à sa fille Alana. Non. Elle était d'autant plus effrayée que lui. Il savait qu'il la terrorisait par sa simple nature. En tant que vampire, il pouvait sentir la peur des gens. Il tentait alors d'apaiser celà. Il capta un mouvement de tête, il fit glisser alors doucement sa main, libérant ses lèvres et recula doucement. Il baissa la tête ensuite en se massant la nuque.

« Je suis désolé. » Répéta-t-il dans un sourire qui se voulait réconfortant. « Très peu de monde ici sait ce que je suis vraiment. Je ne suis pas sûr qu'un docteur vampire soit bien vu au sein de l'hôpital. Et encore moins avec ce qu'il se passe actuellement. »

Son esprit se demanda alors ce qu'elle venait faire ici. Une consultation ?

« Je ne suis pas méchant. Je ne chasse pas les mortels. Je ne bois que les poches de sang de l'hôpital. Normalement... »

Il savait que la situation devenait critique. A l'époque, il ne buvait que du True Blood. Aujourd'hui, il s'était retranché sur les poches de sang de l'hôpital mais la situation devenait de plus en plus précaire.

« Eleanora a disparu et j'ai peur qu'ils l'aient emmenée. »

John continuait de la surveiller. Il avait peur qu'elle se mette à courir dans les couloirs en hurlant au vampire ! C'était idiot de penser celà, mais disons que John avait appris à avoir une vue plus étendue de la situation. La jeune femme parlait de manière ironique et il remarqua, bien qu'elle ne tentait de s'échapper, qu'elle voulait mettre de la distance entre eux. John connaissait ces réactions et il les détestait. C'était aussi pour celà qu'il avait menti à Eleanora... Jusqu'à ce que son mensonge le rattrape. Elle avait été victime de vampires et en avait gardé une certaine phobie. Ce fut une sale période pour John, mais leur couple a survécu à celà et elle avait appris à voir John comme ce qu'il était vraiment et non vis à vis de sa nature profonde.

John ne put s'empêcher de sourire et de lâcher une exclamation quand elle commença à parler de manière ironique. C'était une adolescente qui, malgré la peur, avait un sens de la répartie assez remarquable ! Il la sonda et secoua la tête.

« Tu as très bien sondé la situation. Je te crois quand tu dis que tu ne me dénonceras pas. Moi, je ne le ferai pas, même si tu venais à lâcher mon nom. Je comprends votre peur des nôtres... »

Mais quand la suite arriva, quand elle lui demanda de ne pas la tuer et de lui promettre quelque chose en échange, John ne put s'empêcher d'éclater de rire. Un vrai rire, peut être légèrement moqueur, mais surtout surpris.

« Je n'ai l'intention de tuer personne. Je suis médecin, je sauve les vies. Si je dois tuer aujourd'hui, c'est parce que je n'ai vraiment plus le choix. Je suis un vampire avec des bonnes manières. »

John se recula de la porte par acte de bonne foi et alla s'asseoir derrière le bureau. Il prit une clef dissimulée dans un des pots à crayon et ouvrit un des tiroirs de son bureau, pour sortir une bouteille rescapée de True Blood qu'il gardait en réserve. Il la posa sur le bureau.

« Et pour l'instant, j'ai encore des ressources. Je ne suis pas encore viré, mais ca ne serait tarder. De plus... Ne mêle pas ton père là dedans... C'est déjà un risque pour moi de vider la banque du sang de l'hôpital. Je dois déjà attirer les soupçons. Il ne faudra pas qu'ils prennent ton père comme l'un des nôtres. Si il venait à être emmené et enfermé avec des vampires, il n'y survivrait pas. De plus, je ne t'impose rien. »

Il ouvrit la bouteille et la porta à ses lèvres. Le goût amer du synthétique le prit et il fit une grimace. Il avait oublié le goût infâme de ces boissons. Il observa la bouteille un moment avant de la reposer. Il leva doucement son regard vers Eloïse. Il dit doucement, presque dans un murmure, comme si il énonçait le fond de ses pensés.

« Je te trouve imprudente. Tu te ballades la nuit alors que tu sais que tu attires les vampires comme un aimant. Ton odeur si particulière... peut faire perdre la tête à beaucoup des nôtres. Je ne parle pas de moi, je vis avec une fée et même ma fille en est une. De plus, je sais contrôler mes pulsions... Ca serait un comble pour un médecin de perdre la tête à chaque goutte de sang qu'il voit... Mais certains d'entre nous perdent rapidement les pédales à cette odeur si alléchante, si envoutante... »

Il se leva doucement, bouteille en main, se rapprocha d'elle et ajouta:

« Si tu dois rentrer, je te raccompagne. Je suis assez vieux pour mettre hors circuit pas mal des miens. Ca serait dommage de te sauver la vie pour te voir mourir une autre nuit. On en profitera pour discuter. Sais-tu des choses sur les fées ? Pour retrouver ma fiancée, peut être devrais-je commencer par là. »

Il but plusieurs gorgée de cette mixture qui était aujourd'hui si précieuse, avant de retourner vers son bureau pour tirer deux autres bouteilles qui restaient pour les mettre dans sa sacoche de travail.

La demoiselle tenta de le gifler, John arrêta sa main sans problème, mais garda un léger sourire sur les lèvres. Il lâcha alors son poignet doucement et la laissa s'expliquer. Elle se trompait. Il n'était pas dupe. La peur. Cette peur. Il la connaissait par coeur. Il avait été humain avant d'être vampire. Les mortels l'oubliaient bien souvent. Il la sonda pendant qu'elle parlait.

« Tu crois que je suis devenu vampire de quelle façon, jeune fille ? Ca ne se fait pas en claquant des doigts. Pour transformer quelqu'un en vampire il faut le vider de son sang. La peur je connais, comme je la ressens aujourd'hui même. Être traqué je connais, être impuissant je connais... J'ai vu ma famille mourir alors que je ne pouvais rien y faire. Le nombre de fois où j'ai été malmené, le nombre de fois où la peur m'a rongé... Et ce n'est pas parce que je suis vampire que je suis tout puissant et oui, je peux craindre la traque et encore plus aujourd'hui. Vous les mortels, vous oubliez bien trop en ce moment, que nous étions des humains avant de devenir vampires. »

Il s'approcha d'elle, la regardant avec insistance.

« Alors oui, je connais et bien plus que tu ne le crois. Alors ne parle pas de ce que tu ne connais pas. »

La jeune demoiselle ne semblait pas propice à écouter ses explications mais John restait patient. De toute manière, quand il devait se coltiner Sullivan et son caractère chaotique, il devait bien garder son calme. Elle lui souffla une nouvelle phrase ironique. Il secoua la tête.

« De un, il m'en faut bien plus pour attaquer quelqu'un. De deux, je suis plus à cran qu'affamé. »

John se demandait comment la jeune demoiselle voyait leur engeance. Il avait l'impression qu'elle ne voyait que le vampire assoiffé de sang. John fronça les sourcils de manière dubitative. Il finit sa bouteille de True Blood, et rangea ses derniers biens dans sa sacoche.

« Je n'ai pas l'intention de saccager la ville, il y a bien trop de morts déjà et je ne suis pas comme ca. Ne t'en fais pas là dessus. De plus, vous, les humains avaient une protection qui s'appelle l'invitation à entrer donc chez vous, vous êtes en sécurité. Et arrête de me parler comme si j'étais un monstre assoiffé de sang. »

Il ouvrit la porte pour la laisser passer et referma derrière lui. Elle commença à jouer la comédie, John fit un large sourire forcé et sacoche en main, commença à marcher près d'elle jusqu'à la sortie en lui attrapant le bras.

« La différence d'internet c'est qu'il y a l'écran pour vous séparer. Quand tu te retrouves traqué c'est autre chose. C'est par où chez toi ? On va passer par le sas des urgences, ca évitera que l'aimable secrétaire me gonfler avec des consultations, et j'éviterai mon chef de service. »

Ils arrivèrent devant le sas qui s'ouvrit et John invita la demoiselle à le suivre. John jeta un oeil dehors par précaution.  

« Ma voiture est là bas et ca évitera les mauvaises rencontres. »

Eloïse avait un réel a priori sur les vampires. En même temps, qui pouvait l'en blâmer ? Elle n'en gardait pas un bon souvenir. Il faut savoir que celui qui a attaqué la jeune femme était Sullivan, le créateur de John. Il n'était pas un mauvais bougre, sauf que la jeune fille s'était juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment et Sullivan avait un réel problème en ce qui concernait son self-control quand il se retrouvait près d'une fée.

Oui quand le manque viendrait à se faire sentir, John risquerait de devoir repartir à la chasse. Mais il y avait différents types de chasse et John ne se nourrissait que pour survivre. Il prenait un humain pour cible, buvait ce dont il avait besoin et faisait en sorte qu'il oublie ce qu'il se passe. La technique qu'il utilisait avant que le True Blood n'entre sur le marché. Il s'était fait à cette idée. Les adolescents semblaient têtues et John avait vraiment beaucoup de mal avec eux. Le comportement d'Eloïse lui rappelait celui de Freya. Il était changeant et totalement illogique parfois. Dans un sourire, il lui dit:

« Les adolescents... vous avez un caractère particulier. J'ai déjà du mal à m'y faire avec ma seconde fille. » Il soupira. « Comment faisions nous avant qu'il y ait le True Blood mademoiselle ? Certes, nous chassons, mais nous ne sommes pas tous des meurtriers. On peut boire le sang de quelqu'un sans le tuer et faire en sorte qu'il ne se souvienne de rien, donc aucun traumatisme. Mais si j'avais le choix, je pense que je reviendrai à la case initiale où je pouvais encore me promener au soleil et avoir le droit à un solide petit déjeuner. Je donnerai n'importe quoi pour manger de nouveau des œufs brouillés mais je sais que ca n'arrivera plus jamais. Le mieux qu'il reste à faire, c'est d'accepter. De plus, pour ta gouverne, jeune fille, les vampires ne peuvent pas rentrer dans les maisons si l'humain qui y habite ne lui donne pas l'autorisation. C'est impossible pour nous de rentrer. Donc lorsque tu te trouves sur un domaine d'ordre privé d'un humain, tu ne risques aucune attaque de vampires. On ne peut pas passer outre, c'est comme ca. De toute manière même si on essayait, on n'y arriverait pas. »

Ils arrivèrent dans le couloir où John avoua son appréhension sur la secrétaire et son chef de service. John leva les yeux au ciel et répondit.

« Ca fait plusieurs jours que je ne me suis pas pointé à mon travail, et mon chef de service ne m'aime pas donc oui, j'ai peur de ses représailles et il faut ajouter que je n'ai pas besoin de ca maintenant. »

John l'invita à entrer dans sa voiture avant de monter du côté chauffeur. Il démarra. Il sentait le cœur de sa passagère battre à tout rompre et la peur était clairement palpable. John soupira. Il ne voulait pas lui faire peur. Ce n'était qu'une gamine apeurée pour lui et comme il lui avait dit: il n'était clairement pas méchant. Un lourd silence s'installa dans la voiture. Si bien que John commença à pianoter sur la radio, histoire de mettre de la musique. Il tomba sur un tube du moment qui semblait plaire aux jeunes. Une musique de Rihanna. John regarda la demoiselle avec un large sourire rassurant.

« C'est... Rowenna c'est ca qui chante ? » Dit-il en se trompant involontairement sur la nom de la chanteuse, pensant dire quelque chose de censé. « Tu devrais... envoyer un message à ton père, il doit se faire du soucis, surtout avec ce qu'il se passe. Crois moi, je sais ce que c'est... Je... voilà pourquoi je ne dis rien... Après ca donne ce genre de situation... Je ne veux de mal à personne, tu comprends ? Je voudrais juste... être normal. Alors arrête de me voir comme le vampire et rappelle toi de l'homme qui t'a sauvé. »

John voulait lui poser des questions, mais il ne savait pas trop par où commencer. Peut être était-elle aussi paumée que lui et qu'elle n'y connaissait rien aux fées. Il se racla la gorge et tenta de se lancer.

« Qu'est-ce que tu sais des fées ? En fait... c'est simple, je voudrai savoir si... tu serais capable de... capter une autre fée. Enfin je te dis ca... Je n'en sais rien, je commence à être à cours d'idées... Et plus le temps passe, plus j'ai peur pour elle. Je lui avais promis qu'il ne lui arriverait plus rien et j'ai l'impression que mon histoire se répète. » Il grogna entre ses dents et se secoua la tête. « Ahr... Je ne sais pas pourquoi je te dis ca. Tu... es trop jeune pour comprendre encore ce genre de choses. »

Alors qu'il prenait la route pour traverser les bayous, il capta quelque chose qui n'allait pas. Sa vision nocturne plus développé que la normale, remarqua plus loin une sorte de barrage de police. John pesta entre ses dents mais respira profondément. Faire demi-tour maintenant serait suspect. C'était un contrôle et pas un simple contrôle de police, ils cherchaient des surnaturels. John tourna le visage vers Eloïse.

« C'est pas possible... S'il te plait, ne dit rien... Laisse moi faire... »

Il arriva à hauteur de l'agent qui contrôlait les papiers. John ouvrit son carreau de manière instinctive et eut un large sourire amical.

« Bonsoir messieurs. Il y a un problème ?
- Bonsoir... Contrôle des papiers et d'identité. Ne vous inquiétez pas, c'est une simple routine, on vérifie si les vampires ont compris le message du gouvernement. Il se baissa légèrement en voyant Eloïse. Mademoiselle...
- Je comprends tout à fait. Heureusement le gouvernement est là pour nous protéger ! Ces sales suceurs de sang... »

Ca écorchait la bouche à John de dire ca, mais il avait acquis cette gymnastique qui faisait que ses propos semblaient être le réel fond de sa pensée. Il sortit les papiers de son sac et les avança à l'agent. John se tourna vers Eloïse et lui fit un signe de tête avec un sourire rassurant.

« A qui le dites vous... De véritables saloperies... Ha ! Vous êtes anglais !
- Oui oui... Attiré par la grandeur des États-Unis ! Le rêve américain. En fait, il y a tout ce qu'il faut ici au final !
- Haha ! Vous savez parler aux gens vous ! Tout semble en ordre, un dernière petite chose. C'est juste un petit test de rien du tout. Avancez votre main je vous prie. »

John capta qu'il sortit une petit chaine en argent pur de sa poche. Son sourire s'effaça un peu. Il avait beau jouer la comédie, il ne pouvait pas l'arnaquer là dessus. Plusieurs possibilités s'offraient à lui maintenant: - Appuyer sur l'accélérateur et défoncer le barrage, une course poursuite dans les bois s'annonçait. - Refuser, et là il se dénoncerait. Laissant Eloïse partir mais il se mettrait dans de beaux draps. - Laisser le type mettre la chaine dans sa mains, subir les brulures et tenter de garder assez de sang froid pour l'hypnotiser et lui faire croire que tout était en ordre, puis partir tranquillement. Sauf que John ne savait pas que les nouvelles forces de l'ordre portaient des lentilles qui les rendaient insensibles à l'hypnose des vampires.Dans sa logique, John choisit donc la dernière option et avança sa main plus franchement alors que le type approchait ostensiblement la chaine en argent de sa peau...

Quand Eloïse lui dit son âge, John tourna la tête vers elle, totalement surpris. Quoi ? Avait-il bien entendu ? 6 ans ? Elle n'avait pas dit 16 ans ? 6 ?... C'était impossible. Il se secoua la tête, il avait mal entendu... Ou alors il ne connaissait décidément rien aux fées. Il fut d'autant plus surpris qu'elle lui demanda du Beethoven. John sourcilla d'un air dubitatif, avant de changer la station. Il ne dit rien pourtant sur ce qu'il venait d'entendre.

Il posa ensuite des questions sur les fées et la demoiselle semblait aussi perdu que lui. John devait en connaitre plus qu'elle qui plus est. Il n'eut le loisir de continuer qu'il capta un barrage de police. John se prépara à celà. Le policier semblait être un bougre d'idiot capable de croire à tout ce que racontait John, mais il restait une chose qui ne mentait pas. L'argent qu'il avait dans la main.

Mais John avait un plan... Sauf qu'il ne savait pas encore qu'il n'allait pas fonctionner. Il avança sa main de façon franche, s'attendant à une douleur vive, mais garda son regard posé sur les yeux du policier. John commença doucement à entrer dans son esprit... Il sentit alors l'argent le bruler avec force la paume de sa main, il grimaça mais John commençait déjà son discours hypnotique.

« L'argent ne me fait rien. Vous le constatez. Je suis humain, pas un vampire... »

Les pupilles de l'officier se rétractèrent sous la peur et un rictus se dessina sur ses lèvres. John le vit porter sa main à sa ceinture. Merde. Comment... Comment a-t-il pu réchapper à son hypnose ? Pas le moment de réfléchir. Il allait tirer sur lui et avec surement ces nouvelles balles UV que le gouvernement avait mis en place. Un vraie saleté. Pire que les balles en argent, elles continuaient leur travail dans les chairs des vampires. D'un geste très rapide, John donna toute sa puissance en se reculant, dos à Eloïse et en donnant un grand coup de talon dans la portière qui s'arracha littéralement de ses gonds et projetant le flic dans les airs qui alla finir sa course dans les arbres avoisinants.

Mais l'autre policier du coté d'Eloïse tira une balle dans son dos qui toucha son oreille en arrachant une bonne moitié, sans pour autant s'y loger. John hurla alors qu'un horrible sifflement lui déchira les tympans. Sous la douleur, ses crocs sortirent par impulsion. Il sentait que son oreille était dans un sale état mais il devait les sortir tous les deux de là. Il n'avait plus le choix. Il se redressa et appuya de toutes ses forces sur la pédale d'accélérateur. Dieu merci, il avait fait le choix d'une voiture de course. Il appuya sur le dos d’Éloïse pour la mettre à l'abris d'éventuels coups de feu.

« Baisse toi ! »

La voiture défonça le barrage et commence alors une course poursuite. Il porta sa main rapidement à son oreille droite ensanglantée avant de regarder dans le retro. Il vit les flics monter dans leur voiture. Son pied écrasa un peu plus l'accélérateur. Il savait qu'au bout de la route, d'autres policier les attendaient. Ils allaient devoir quitter le véhicule à un moment donné. Il braqua alors d'un seul coup le volant et ils quittèrent la route pour se retrouver au milieu de la forêt. C'était un risque mais John était un vampire, il voyait très bien la nuit, ses sens étaient aux aguêts et il avait une dextérité hors norme. Il évitait les arbres avec une très grande habilitée. Les flics n'arriveraient jamais à les suivre. Il se dirigeait vers le bayou. Il allait laisser sa voiture couler pour cacher les preuves. Il se retourna vers Eloïse et lui dit:

« Il va falloir que tu sautes en route quand je te le dirai. Fais moi confiance. »

Les yeux de John scrutèrent les ténèbres et quand il sentit qu'ils approchèrent de l'endroit dit, poussa une dernière fois l'accélérateur et dit:

« Maintenant ! »

Il sortit de son côté, roulant sur le sol avant de s'écraser contre une souche. La voiture finit sa course au milieu de l'eau et commença à couler doucement. Il se secoua la tête et se redressa rapidement. Il se dirigea vers Eloïse pour voir si ca allait et l'aider à se relever.

John se secoua la tête, reprenant doucement ses esprits. Il cherchait Eloïse du regard et la vit non loin. Ses quelques égratignures et écorchures se refermèrent presque aussitôt, au contraire de son oreille qui continuait de saigner encore. Il fallait le temps que son oreille se reconstitue et celà mettrait plus de temps. John vacilla mais continua d'avancer vers Eloïse, ses crocs étaient encore sortis. Elle semblait blessée. Son odeur se fit plus forte, mais John en avait l'habitude. Pour perdre les pédales, il fallait vraiment qu'il soit dans un mauvais état. Il se remerciait intérieurement d'avoir fait un tel travail sur lui-même. Il s'agenouilla et posa une main apaisante sur son épaule valide.

« Chuuut... Je ne vais pas te faire de mal. Laisse moi juste regarder... Après, il va falloir continuer. »

John réfléchissait au fait de lui donner de son sang pour qu'elle guérisse plus vite, mais celà engendrerait un connexion à vie et quelques rêves plutôt intimes avec lui. Ce qui était bizarre quand on y pensait. Il palpa délicatement l'épaule endolorie. Elle venait de se la déboiter en sautant. L'oreille valide de John capta un aboiement. John releva la tête comme un animal à l'affut et pesta. Il la libéra des ronces et commença à tirer Eloïse pour qu'elle se relève. Il l'aida à marcher sur quelques mètres.

« Le sang... Les chiens vont nous repérer avec le sang. Accroches toi à moi et surtout ne me lâche pas. »

Sans sommation, il l'attrapa par la taille et la souleva. Il la serra contre lui de manière à ce qu'elle ne puisse pas le lâcher. Il usa alors de sa vitesse vampirique et traversa une bonne partie de la forêt, mais la tête lui tournait avec cette fichue blessure et il trébucha contre une racine avant de tomber sur le sol. Allongé, il voyait les étoiles tourner au dessus de lui à travers les branchages. John se redressa difficilement et trouva la jeune femme.

« Eloïse... Il faut... Il faut que tu boives mon sang, ca va soigner tes blessures et ensuite... ensuite, tu fuiras... C'est moi qu'ils veulent pas toi... Retourne chez toi. Tiens... »

Il fouilla dans sa poche et sortit son téléphone. Il lui tendit.

« J'ai tout là dedans. Je ne veux pas qu'ils prennent les coordonnés des gens qui sont dedans. Je veux... les protéger... Le numero de téléphone de ma fille. Alana. Tu veux bien... lui transmettre un message pour moi ? Dis lui que... ce que j'ai fait, c'est pour la protéger. Qu'elle se cache. Qu'elle ne me cherche pas. C'est trop tard pour moi. J'ai déjà vécu trop longtemps. Que... je l'aime et je n'ai jamais cesser de l'aimer. »

Une larme de sang avait coulé le long de sa joue. Il porta ensuite ses canines à son poignet et mordit profondément. Son sang commença à couler avec abondance. Il proposa son poignet à Eloïse.

« Bois avant que ca ne se referme... Tu vas... guérir... Tes sens seront aussi décuplés... Tu pourras les fuir plus facilement, tu n'auras pas besoin de moi. Rentre chez toi... Ne sors plus à la nuit tombée. Cache toi, reste avec ton père, il va te protéger. »

Ils allaient se faire prendre si ils restaient ensemble. Son oreille lui faisait moins mal mais il continuait à perdre du sang et ce n'était pas bon signe. Les blessures à la tête sont les plus dures à encaisser. Eloïse avait peur, John ne voulait pas la laisser toute seule, mais c'était aussi la condamner à être prise avec lui. Il la regardait avec un air désolé, il ne voulait pas en arriver là. Il lui prit une main et lui tendit son autre poignet. Elle devait boire, c'était son salut. Elle se souciait de ce qu'il risquait d'arriver à John, mais John en avait déjà vu en 400 années passés. Il n'avait pas eu une vie toute rose.

« Je ne sais pas ce qu'il va se passer Eloïse. Je ne sais pas... Mais j'ai survécu pendant quatre cents ans... Peut être n'est-ce qu'une épreuve en plus... S'il te plait, bois ce sang ! »

Il ne pouvait pas la forcer à le boire de force, car l'hypnose ne fonctionnait pas sur elle. Tout était en son pouvoir, en sa décision. Il savait que ca ne serait pas facile pour la jeune demoiselle. Dans l'esprit d'un humain, c'était dégoûtant de faire ca... Du moins, la première fois, car l’élixir que donnait le sang d'un vampire devenait une drogue si on en buvait régulièrement. C'était une source de pouvoir que l'on pouvait sentir se glisser dans les veines.

Puis elle lui proposa de boire son sang. John secoua la tête, il n'avait pas retenu cette idée. Il ne voulait pas. Il l'avait dit: ca serait aller contre son étique. Mais en même temps, c'était une solution convenable pour qu'ils puissent réchapper tous les deux. Bien sûr qu'il guérirait plus vite, et le sang des fées avait la vertu de les rendre plus résistants et plus forts. Sa guérison deviendrait presque instantanée.

« Je t'ai dit que je ne voulais pas... Je t'ai promis que je ne te mordrai pas, hein ? Alors s'il te plait... »

Il ne nia pas que ca le guérirait. Non. Mais il ne voulait pas qu'elle se donne comme ca. De son ouïe plus développé, John entendit les chiens qui se rapprochaient. Il se redressa et s'assit à côté d'elle. Il se fit plus insistant et plus dur.

« Bois. Bois mon sang. Tu dois t'enfuir. Ils continueront à suivre nos traces et... ca les conduira jusqu'à chez toi si... si je continue de toute manière... et là, tu auras des ennuies et ton père aussi. Ils vont me trouver quoi que tu fasses. J'ai cette odeur sur moi. Mes habits sont imbibés de sang... Je m'en sortirai, ne t'en fais pas ! »

John avait promis à la demoiselle et peut être beaucoup penserait qu'il n'était qu'un idiot de refuser cette aide. John était pourtant un homme qui tenait ses engagements, ou du moins, il essayait d'être le plus honnête possible. Il voyait ses filles en cette demoiselle près de lui et tout ce qu'il désirait, c'était de les mettre tous en sécurité. Qu'importe ce qui lui arriverait. Peut être trouverait-il une piste pour retrouver sa femme d'ailleurs ? Il se plia alors à ses directives. Elle porta son poignet à ses lèvres. John soupira longuement et la regarda boire les gorgés de son sang réparateur.

Il pouvait sentir le lien qu'il se créait au fur et à mesure qu'elle buvait l’élixir qui se trouvait dans ses veines. Il était rare qu'il se lie à quelqu'un mais c'était un état d'urgence. John finit par la stopper en posant une main sur son épaule et la fit reculer délicatement. Il retira son poignet et frotta le sang de la bouche de la demoiselle d'un geste paternel. Il lui fit un sourire qui se voulait rassurant bien que la peur le torturait intérieurement. Il lui souffla délicatement:

« Allez... Va-t-en ! Rentre chez toi en sécurité... Je m'occupe d'eux. Ne te retourne pas. »

John se redressa ensuite péniblement. Laissant Eloïse partir. Il leva le menton et huma l'air. Ils n'étaient plus très loin. Peut être avait il encore une chance de s'en sortir dans les bayous. Il se mit à courir dans un sens totalement différent d'Eloïse et se dirigea vers l'eau. Celà camouflerait son odeur et le sang qu'il avait sur lui. Il espérait l'atteindre avant que les chiens ne le rattrapent. Mais au fur et à mesure qu'il avançait, il se sentait lent... Il n'y arriverait jamais. Une autre option lui traversa l'esprit. Celà pouvait le sauver mais celà n'aiderait pas leur cause.

Elle était simple: Partir en chasse. Attaquer un de ces soldats et se nourrir de leur sang. Assez du moins pour recouvrir des forces... John hésita. Il se dit qu'il devait protéger les siens... Mais par quel moyens ? Montrer qu'ils étaient pacifistes ou simplement survivre qu'importe le chemin ? John se laissa tomber près d'un arbre. Ce n'était pas simplement sa vie qui était en danger mais celle de toute une communauté. Peut être arriverait-il à leur faire entendre raison ? Oui, c'était une pensée utopiste.

Bientôt l'écho des aboiements se firent plus percutants et une lueur traversa son champ de vision. Il leva les mains dans un geste pacifiste. Il fut bientôt encerclé et braqué. Il n'y avait plus rien à faire. Il attendit qu'on le tire pour le mettre sur ses jambes et qu'on lui passe des menottes en argent. Il ne sait pas où il allait... Il n'en savait strictement rien...