Sa journée de travail sembla passer aussi vite que l'éclair aujourd'hui. Pourtant, il n'y avait pas tant eu besoin que ça de brancardier. Quelques personnes à amener en salle d'opération, quelques lits à déplacer et deux urgences qui l'ont fait bouger de l'hôpital le temps d'un tour en ambulance. Franchement, journée banale et qui aurait pu plonger Henry dans un ennui des plus profond, ce qui l'aurait ennuyé et il se serait donc deux fois plus ennuyé, je ne sais pas si vous imaginez le tableau ou l'état dans lequel se retrouvait le brancardier...et surtout dans quel état il mettrait ses collègues autour de lui. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, il était trop occupé à repenser à la soirée s'il y a deux jours, quand il était allé au Fangtasia, au départ pour essayer de voir s'il pouvait soutirer des informations de la patronne (il ne tenterait jamais d'avoir quoi que ce soit du patron, il était bien trop effrayant...courageux mais pas téméraire le Hank), et qui s'était au final soldé par une découverte aussi intéressante que perturbante. Nan mais si! Sérieusement, découvrir qu'un de ses collègue était un vampire, en soi ça ne le dérangeait pas, il devait bien y en avoir il n'était pas aussi naïf. Cependant il ne s'attendait pas à ce que ce soit...lui. Enfin, il ne s'attendait pas plus que cela à croiser un collègue de l'hôpital ce soir-là ou quoi, mais ce collègue précis ça l'étonnait et l'abasourdissait tout à la fois.

Après tout; il était un type tout à fois normal - oserait-il dire banal? Quand on le croisait ou même qu'on apprenait à le connaitre. Il était gentil, compatissant, à l'écoute. Le stéréotype même du bon médecin. Déjà, rien que ça aurait du lui mettre la puce à l'oreille. Et puis Hank a repenser à toutes ces nuits travaillées avec le dit médecin. Il ne l'avait jamais vu manger, ou boire. Il ne l'avait jamais croisé dans la journée, il était toujours de nuit etc...Plein de petite choses comme ça qui lui faisait réaliser à quel point il avait été aveugle face à ce type. Bon, après, il allait pas aller lui cracher dessus pour ça. Au contraire, mais Henry se sentait juste complètement idiot de n'avoir rien remarqué plus tôt.

De qui il était question? Mais bon sang, c'est vrai que pour l'instant ça reste bien mystérieux tout cela. Eh bien il s'agissait du Docteur John Huntingdon. Très bon médecin de l'hôpital de Shreveport et vampire dans l'ombre. Ça, le brancardier l'avait découvert en allant faire une énième soirée au Fangtasia, où il a vu un de ses médecins préféré (et ça l'était déjà avant qu'il ne sache pour sa nature) sortir les crocs face à un autre vampire. Autant dire que toute volonté d'aller questionner - ou tenter de - la patronne du bar vola par la fenêtre au moment où il capta la scène. La suite de la nuit fut passée comme s'il était entouré de coton. Complètement à côté de ses pompes et abasourdi comme pas deux. Il lui avait fallut pour sortir de cet état de choc léger (et encore, il était encore à moitié dans la lune aujourd'hui) et qu'il ne trouve le courage d'aller lui en parler. Parce qu'il devait lui faire savoir qu'il savait. Oui, Henry avait parfois son instinct de survie au plus bas. Ne cherchez pas. C'est écrit comme ça dans son code génétique.

C'est pourquoi il était là, dans les vestiaires des hommes, à attendre le dit docteur alors que son service était terminé depuis bien vingt minutes. Il s'était attiré des regards étranges de la part de certains autres collègues quand ils l'ont vu penché autour d'un coin pour épier le docteur sans se faire repérer. Pas tout de suite en tout cas. Puis, quand John fut presque prêt, il sortit de sa cachette et alla l'aborder, d'une manière joviale, un peu surexcitée, comme à son habitude (ou presque), tentant de ne rien laisser paraître de ses états d'âme ou ce qu'il savait.

"Bonsoir Doc'! Dites, je peux vous parler une seconde?" Hank attendit que le dernier collègue soit sorti pour ajouter: "En privée."

De quoi il voulait lui parler? Oh, trois fois rien, juste qu'il avait découvert qu'il était un vampire et lui demander...quoi au juste? Là était la vrai question. Il pourrait tout simplement garder cette information pour lui et laisser au médecin sa tranquillité d'esprit pour l'avenir de son secret, repartir à sa petite vie comme si de rien n'était. Ça serait tellement simple de faire ça. Donner une excuse bidon, ou même un simple "Non c'est pas grave on parlera plus tard", puis ne plus jamais aborder le sujet. Simple et efficace. Il n'avait pas à lui faire savoir qu'il était découvert. Après tout, Hank n'en n'avait rien à faire qu'il soit un vampire au fond; il faisait bien son travail et était apprécié des malades et autres patients venant le voir à l'hôpital. De plus, jusqu'à maintenant il n'avait pas entendu une seule nouvelle de blessures suspectes sur un patient. Alors, pourquoi poursuivre ainsi son supérieur? Pour des réponses? Mais à quoi? On en revenait à la question du début. Pourquoi? Toute personne sensée, avec un minimum d'instinct de survie et de code de conduite aurait laissé tomber et serait retourner chez lui sans faire d'histoire. Un vampire, ça n'est pas très rassurant en soi. Un vampire qui pouvait se sentir menacé encore moins.

Sauf que c'était bien connu; Hank n'a presque aucun de survie. C'est pour cela qu'il suivait le médecin à travers l'hôpital, l'observant avec plus d'intensité que jamais (il serait probablement la source de nombreux ragots d'ici le lendemain rien que pour cela mais ça, il s'en fichait bien), mais ne se permettant pas pour autant d'observer l'échange avec Eleanore, bien qu'il se demandait si son intérêt pour la jeune femme était de l'ordre des sentiments ou...de la nourriture. Non, sérieusement ça le perturbait de penser comme ça du Docteur. De toutes les personnes de l'hôpital, il était bien la dernière personne qu'il aurait imaginé être un vampire! En attendant, il suivait toujours le docteur, sans savoir ce qu'il allait pouvoir lui dire hormis qu'il savait - bon sang, rien que pour ça il pourrait mourir ici ce soir mais cette pensée ne traversa même pas l'esprit du brancardier qui laissait libre cours à sa curiosité maladive et naturelle. Cependant, si la peur de ce que le médecin pouvait lui faire ne l'inquiétait pas outre mesure, le fait qu'il soit quelqu'un qu'il appréciait et estimait grandement, eut tôt fait de le calmer. De fait, il déglutit plusieurs fois quand John lui laissa la parole, cherchant comment dire cela. "je vous ai vu tous crocs dehors hier soir"? Naaan, bien trop familier. Il passa ainsi plusieurs possibilités en revue avant d'aller dire un gros fuck à son cerveau hyperactif et de se lancer, éteignant ce qui lui servait de filtre cerveau à bouche, histoire de dire. Il prit une grande inspiration et se lança.

"Le truc, c'est que je vous ai vu, hier, au Fangtasia, jusque là rien de bien grave, j'y vais aussi donc un point partout la balle au centre. Non le vrai...euh...bah truc, c'est que vous aviez vos..." il imita des crocs avec ses doigts devant ses deux canines pour ne pas avoir à le dire. Ils étaient peut-être seuls dans la salle mais les murs avaient souvent des oreilles ici. "De sortie et donc...Eh bah la conclusion qu'on doit en faire m'est venu à l'esprit voilà." il fit une pause, se disant que ça n'avait pas été siiii catastrophique que ça avant de se dire que dit comme ça, le docteur pourrait le penser mal intentionné et donc de se dépêcher de rectifier cette hypothèse. Le fil de pensée dura approximativement trois secondes. "Mais c'est pas un problème hein! Enfin je m'en fiche, c'est comme ça et je vais pas en faire un vélo, je voulais juste...que...enfin je vous aime bien et je ne voulais pas que vous pensiez que je ne vous appréciait plus parce que j'agis bizarrement. Enfin j'aurais agi bizarrement si je ne vous avait rien dit. Parce que savoir un truc comme ça alors que le concerné ne sait pas que vous savez et..." une nouvelle pause où il se dit qu'il serait bon qu'il ferme sa boîte à camembert un peu. "Ahem...Voilà voilà quoi..."

Awkward moment in process. Ou comment s'enfoncer tout seul comme un grand en trois leçon par Hank Jones, brancardier à l'hôpital de Shreveport...

Okay, il ne s'était absolument pas attendu à cela. C'est vrai que Hank ne s'attendait pas non plus à ce le docteur Huntingdon lui ouvre grand les bras en lui disant "bravo! Tu as deviné!" mais...Bon, il pensait recevoir de l'inquiétude, voire une certaine crainte (légère hein, parc que le brancardier est quand même loin d'être particulièrement effrayant au naturel), mais pas...Enfin je veux dire, le docteur était quelqu'un qui apparaissait comme posé et calme, philosophe et bon dans le fond, alors clairement, Hank ne s'attendait à décoller du sol le temps d'atteindre le mur le plus proche, le tout enchaîné par le bon docteur juste en face de lui maintenant.

Le brun resta interdit pendant un long moment. Les yeux ronds de surprise/choc/peur - terreur pardon - la bouche serrée par simple terreur et les mains levées au niveau de son torse dans une tentative tout à fait futile mais dirigée par instinct d'empêcher l'autre homme d'avancer maintenant pétrifiées. Il ne bougeait plus d'un poil, osant à peine respirer. Même une fois que John l'eut relâché pour aller verrouiller la porte. Il ne bougea toujours pas quand il parla. Du moins, jusqu'à ce qu'il annonce qu'il n'avait tué personne depuis deux cent ans. Là ça fit tilt dans son petit cerveau en état de choc et il en sorti, de cet état de choc, pour repartir à deux cent à l'heure; des questions, des calculs des truc qui se rangeaient dans sa mémoire. Il écouta la suite, comme à demi en transe et revint sur terre quand la question lui fut posée directement. Il ne s'était pas non plus attendu à cela, qu'on lui propose d'être un allié. Pendant longtemps il avait été celui qu'on ne choisissait que par dépit et défaut de mieux; trop bizarre pour être avec les gens "cool" et clairement trop sociable et charismatique (bien que là il y ait encore pas mal de progrès à faire) pour les "loosers". Il voulut répondre que oui il accepterait, que ce n'était pas parce que John était un vampire qu'il changerait sa façon d'être autour de lui. Bon, d'accord il lui faudrait un petit temps pour s'y faire mais il s'y ferait, un jour. Pourtant, tout ce qui sortit de sa bouche en premier lieu fut:

"200 ans...? Mais alors, vous avez quel âge?!" avant de croiser le regard de John qui remit son cerveau en place "Pardon, pardon, les questions plus tard..." un nouveau regard vers le docteur et Hank s'éclaircit la gorge "Ou pas. Bref! Oui, j'accepte. Tant que devenir votre allié ne veux pas dire servir de repas ça me va! Parce que bon...Je suis pas fan des piqûres/morsures et autres...Joyeusetés.

Une grimace vint marquer le visage du jeune homme en passant à se faire mordre par un vampire. Oui, il était un être assez bizarre; passionné par tout ce qui était les vampire et le surnaturel en général (il pensait même à voir pour se renseigner sur le mysticisme et la sorcellerie prochainement), mais l'idée de se faire mordre par un vampire pour l'intérêt de la science ne le branchait mais alors pas. Du. Tout. Alors en devenir un, encore moins.

Entendre le médecin rire s'étendit sensiblement Hank. Il n'était pas non plus totalement détendu, il ne faut pas exagérer; après tout, il était face à un vampire qui ne s'était pas gêné pour le coller contre un mur (ou il se trouvait toujours, uniquement parce qu'il ne faisait pas encore confiance à ses jambes pour déjà se déplacer) et qui, même s'il tentait de rester sympa et détendu, lui faisait clairement comprendre que sortir de son régime alimentaire stricte pour le faire taire, s'il ouvrait trop la bouche, était tout à fait possible. En même temps, il serait à la place de John, il ferait probablement pareil. Même si l'existence des vampires n'était plus un secret pour personne, il fallait bien avouer qu'en être un n'était pas forcément super sympathique, surtout en Louisiane. La Louisiane avait une histoire chronique avec la discrimination...Les esclaves, la ségrégation, yadda yadda. Même Hank! Enfin, il ne discrimine pas (ne pense pas le faire du moins), mais parce qu'il ne vient pas d'ici - pourtant il est né dans le Colorado non d'un chien! - il recevait régulièrement des commentaire plus ou moins sympathique de certains habitants. Bon après il était loin de s'en offusquer, ayant toujours été vu comme le vilain petit canard pendant longtemps, il en avait l'habitude et laissait couler sur lui comme de l'eau sur du film plastique. Il fut en revanche surpris de la proposition que lui fit le docteur. En gros, être son espion. Oui, oui ça il pouvait faire.

"Ça, c'est pas un problème Doc. Je laisse déjà tellement traîné mes oreilles partout à cause de ma curiosité naturelle que bon...un peu plus, un peu moins...D'autant plus que j'aurais une justification cette fois."

Ah bah ça y est, son sourire est revenu sur son visage. Comme quoi, il n'en faut pas beaucoup à notre brancardier pour aller mieux. Il était comme ça, comme à prendre tout à la légère alors que non, pas du tout; il relativise voilà tout. Là où il aurait pu finir tué et jeté dans le bayou pour que les crocodiles s'occupent des restes, on lui proposait une alliance. A sens unique certes, mais il était sûr qu'en cas de besoin le docteur pourrait l'aider question médecine - bien qu'une quelconque idée de chantage soit bien loin de son esprit. Hank calma cependant son sourire quand John reprit son air grave, l'écoutant attentivement. Sauf qu'il venait de parler d'une personne qui ne devait absolument pas savoir ce qu'il était et il se doutait fortement de qui c'était, alors son sourire revint, des étoiles dans les yeux même.

"Laissez-moi deviner, on parle d'Eleanora."

Son grand sourire de gamin était de retour en full force et ne le lâcherait pas de sitôt. Il les trouvait vraiment trop, trop, trop adorable ensemble. John et Eleanora. Nan sérieux, c'était le petit couple parfait dans l'esprit du brancardier. Bon, n'allez pas vous faire des idées sur Hank hein, il aime l'amour c'est tout...Ahem, je m'enfonce là. Toujours est-il que son sourire tomba pour une expression de surprise pure à l'annonce de l'âge du docteur. Hank alla même s'asseoir pour s'en remettre.

"Sweet brocolis...Quatre siècles! Je m'y attendais à celle-là...En fait je ne sais pas trop à quoi je m'attendais m'enfin."

Hank sembla se réveiller d’on ne savait trop quel monde quand John parla de, possiblement, chopper des infos sur Eleanora par le biais de ce cher brancardier. Alors, okay, il était un peu zinzin (complètement toqué oui !), okay, il parlait énormément et encore c’était un euphémisme, mais il n’était pas là pour jouer les cupidons. Non pas qu’il n’aimerait pas, quoi que, mais je vous laisse imaginer. Un type qui a déjà du mal à gérer ses propres relations personnelles, qu’elles soient amicales ou sentimentales, comment voulez-vous qu’ils puissent aider des gens à se mettre ensemble, sérieusement ? C’est comme demander à un mec avec un tracteur d’aller faire une course de rally auto. C’est beau de rêver, mais il y a des moments où il ne fait pas exagérer non plus. Ce moment précis en était un très bel exemple. Levant les mains devant lui, Hank reprit la parole.

"Wow, wow, wow. On se calme joli-cœur. Te tenir informé sur l’état top-secret de tes crocs est une chose. Que je te donne des infos confidentielles sur Eleanora en est une autre." Il baissa les mains et reprit "Pour partir sur des bases saines, ou presque, il vaut mieux ne pas agir comme un stalker, pourquoi ? Parce que les femmes finissent toujours par le savoir. Elles finissent toujours par tout savoir, c’est bien là le grand malheur des hommes. Alors…Même si ça prend un peu de temps, essayes de faire ne sorte qu’elle te le dise elle-même. C’est la meilleure solution. Et puis ce n’est pas comme si tu n’avais pas tout ton temps."

Quand est-ce qu’il était passé au tutoiement était une énigme qui resterait probablement sans réponse. Hank avait parfois des suites d’idées qui allaient tellement dans tous les sens que de temps en temps, vous dires « aiguille », son cerveau fait des associations d’idées en deux secondes et il se retrouve à vous dire « au fait… » pour ensuite vous parler de choux fleurs, alors bon. Passez du « vous » au « tu » au cours d’une conversation c’était rien à côté, sérieusement.

"Pff ! Ne t’inquiétes pas pour les mauvais jeux de mots, tu ne m’as pas vu quand je suis pas en forme ; une véritable usine à calembours débiles. Là, tu as presque fait de l’humour fin en comparaison." Alors, c’est sûr que pour avoir un Hank pas en forme, il faut, grosso modo, qu’il n’ait pas dormir depuis une semaine. Non, c’est un peu exagéré, mais le fait est là : à moins de le priver de sommeil c’était mission quasi-impossible. Bon, après, John était un vampire et pourrait lui faire faire quasiment n’importe quoi. "Mouais, la jeunesse éternelle, ça dépend de quand vous avez été transformé. J’ai rencontré un vampire une fois, il avait été transformé il avait 56 ans. C’était moins glam d’un coup…Je dis ça, je dis rien moi."

Il aurait eu un verre avec une peille, il aurait siroter son cocktail l'air de rien. Le fait est que là il se contenta de retourner la chaise sur laquelle il se trouvait de façon à pouvoir s'accouder au dossier. Hank ne savait même pas depuis combien de temps ils discutaient comme ça, mais il découvrait une facette du docteur qu'il trouvait fascinante, ce dernier semblait, en plus, accepter de lui répondre, alors hors de question qu'il le lâche aussi tôt dans la soirée. Il avait toute la nuit devant lui après tout. D'accord, pas John, il avait des patients à voir et un tas avec ça, mais tant pis, il faudrait que le doc le foute dehors de force pour qu'il parte maintenant la première peur passée.

"Ooooowww"…Voilà ce qu’aurait dit Hank s’il avait un minimum de vue sur ce que pouvait être l’amour, le vrai. D’accord, il avait déjà eu quelques copines, m’enfin ça ne durait jamais bien longtemps, son obsession avec le surnaturel et son hobby de créer des petits trucs qui peuvent sembler très inutiles comme ça, ça avait tendance à faire fuir les femmes. Boarf, il ne s’en sortait pas trop mal dans l’absolu, il ne ressentait, pour le moment, pas le besoin de se poser avec une femme et de fonder une famille, au grand damne de sa mère qui rêvait d’avoir des petits-enfants. Le brancardier, lui, se disait qu’il avait encore le temps pour fonder une famille, malgré sa trentaine qui avançait doucement vers la quarantaine. Roh, et puis même, il se savait pas doué avec les enfants, il les faisait rire, sourire, c’est vrai, mais il serait bien incapable d’inculquer de vraies valeurs à un enfant si un jour il en a un. Sans compter qu’il était lui-même un danger pour lui tout seul alors protéger un enfant ? Sérieusement… ? Ça serait criminel de lui donner un enfant. Vraiment. Non, il était mieux comme ça. Comment il en était arrivé à penser à des enfants déjà ? Ah oui, sa mère qui se plaignait qu’il n’ait pas de femme ou de copine fixe à son âge, c’est vrai. Enfin bref. Il préférait revenir à ce que lui disait John.

"Ouais…Là je dois avouer que je ne peux pas vous aider, je suis déjà pas doué pour mes propres histoires, alors aider celles des autres, il faut vouloir flinguer son histoire pour faire appel à moi. Mais je vous souhaite tout le courage du monde et tout le bonheur possible. Vous pouvez le faire j’en suis sûr."

Hank offrit un sourire rassurant à John. Il croyait sincèrement qu’il arriverait à faire tomber sous son charme la jolie Eleanora. Il était, après tout, gentil, attentionné, médecin (ça n’est pas négligeable), marrant…D’accord, il buvait du sang…Mais ça c’est un détail, non ? Oui, le brancardier est un éternel optimiste qui adore les comédies romantiques bien bateau, et alors ? Il n’avait pas honte de le dire, tout comme il était content de dire qu’il était un trekkie et un geek pur et simple. Il n’avait pas honte de ce qu’il était, de ce qu’il aimait…Accordé, pas mal de femmes le pensait gay à cause de sa complaisance dans les comédies romantiques, mais bon, tant pis. Il faisait avec aussi. Sérieusement, pour le vexer vraiment, il en faut beaucoup. Il peut prendre la mouche et bouder un temps, mais ça passe vite. Il n’est pas du genre rancunier en revanche. La suite vient vite et Henry a de nouvelles questions qui se bousculent dans son esprit quand John fait allusion aux enfants. Ils transforment aussi des enfants ?! Ce fait choqua quelques peu le brancardier qui n’aurait jamais pensé le faire. Ils n’avaient pas une loi contre ça ou… ? Ses réflexions furent coupées par l’éclat de rire en voyant le regard que lui fit le docteur à la fin de son petit monologue.

"Attention Doc’, je risquerais de me laisser tenter." Il rit de bon cœur et effaça même une larme de rire au coin d’un œil avant de se calmer. Il allait ouvrir la bouche pour poser sa question sur les enfants vampires mais la secrétaire médicale fit savoir sa présence et Hank plissa plus fermement sa bouche, par réflexe. Quand elle partit, le jeune homme était déjà debout, prêt à prendre congé pour laisser travailler le médecin. "Non, je vais aller dormir, j’ai eu un shift de jour, je suis claqué. Je sais j’en ai pas l’air comme ça, mais c’est le café et les doses industrielles de sucre qui font trompe l’œil. Je vous vois demain de toute façon, je suis de nuit aussi. Je vous montrerais ma cachette quand je veux être tranquille lors de mes pauses, je suis sûr que vous ne la connaissez pas."

Avec un dernier clin d’œil complice, le jeune brancardier quitta la salle de consultation avec un sourire d’excuse absolument adorable pour la secrétaire médicale qui leva les yeux au ciel. Il lui apporterait des muffins demain, sans faute. Arrivé sur le parking, il atteignit sa moto et partit, naviguant dans les rues de Shreveport jusqu’à son appartement, prêt à profiter d’une bonne nuit de sommeil.