« Maman ?! M'man j'y vais ! » Juliet dévale les escaliers, son sac en équilibre instable sur son épaule, elle jette un coup d'oeil vers le hall en priant pour ne pas y voir la silhouette familière de sa mère. Ses lèvres se cripsent un instant tandis que ses yeux se ferment. Elle s'arrête à deux marches du sol et attend. La voix nasillarde de sa génitrice résonne dans ses oreilles sans qu'elle ne cherche à saisir les mots exacts qui sont articulés. Elle tend son sac en fixant le sol et remonte enfiler quelque chose de plus seyant. C'est le jour de la photo de classe, le pire jour de l'année. Elle avait enfilé, pour l'occasion, un large t-shirt et un jean droit pour cacher son corps sous le tissus. Elle avait esperé quitter la maison sans la vérification maternelle. Elle aurait voulu disparaître plutôt que de porter la ridicule robe que sa mère avait acheté exprès pour l'occasion. Lorsqu'elle redescendit les marches en ballerines, robe et collants, le visage poudré de sa mère prit cette expression familière de satisfaction. Mielleuse, elle lui lança quelques compliments selon lesquels elle était la plus jolie de Bon Temps et qu'elle ne devrait vraiment pas en avoir honte. Juliet posa le regard sur ses genoux marqué par leur maigreur squelettique. Elle attrapa son sac qu'on lui tendait et aperçut au passage son poignet, fin, frêle, entouré de dizaines de bracelets pour cacher les marques rougeâtres que laissaient ses coups de canifs répétés. Elle passa le pas de la porte sous le regard attentif de sa génitrice en songeant à son père disparu. Le début de la fin. Sur le chemin vers le lycée elle se représenta le sourire paternel, mais il fut remplacé par l'image du cercueil descendant dans le trou au milieu du cimetière de la petite ville. C'est à ce moment qu'elle avait commencé à se scarifier et à ne plus rien avaler. Sa mère avait mis quelques années à réagir, et avait géré la situation de la seule manière qu'elle connaissait : comme une mégère de Louisiane.
Sur le chemin, elle croisa Naëlle, sa meilleure amie, qui sortait des bois avec le plus grand naturel. Elles échangèrent quelques banalités, la jolie brune mit quelques coups de coudes à sa camarade en rigolant sur sa tenue et finit par lui tendre un pantalon et un t-shirt supplémentaires sortis miraculeusement de son sac. Juliet la remercia d'un sourire sincère mais, comme chaque année, refusa le présent. Sa mère verrait la photo et se rendrait rapidement compte qu'elle n'avait pas respecté le code vestimentaire de rigueur dans la famille. Naëlle s'empressa de changer de sujet.

Tu ouvres les yeux. Il fait noir. Tu refermes les yeux. Ce doit encore être la nuit, il suffit que tu respires calmement pendant quelques instants et tu vas te rendormir. Tu ignores ce malaise qui s'est emparé de toi à la minute où tu as repris connaissance, et tu te concentres sur le flux d'air qui entre et sort par ton nez. Ton souffle devient si faible que tu ne le sens plus. Tu penses que le sommeil va reprendre ses droits sur toi. Paisible, sereine tu es ; tu ignores ce malaise qui se répand de tes côtes à ta poitrine par tes veines. Tu ne sais plus si tu dors ou si tu es éveillée.
Une main se pose sur ton avant-bras et tu hurles de surprise et de peur. Tes yeux se sont rouverts malgré toi et ils papillonent, tentent de voir quelque chose. Tous tes sens sont aux aguets ; d'ailleurs tu ne comprends pas les informations qu'ils te renvoient. Tu n'es pas dans ton lit, les draps n'ont pas cette texture humide et granuleuse. Où es-tu ? La peur s'empare de toi et tu halètes. La main te tire, tu ne sais pas où, vers où, comment, qui. Tu n'as même pas l'impression de bouger, et pourtant elle te tire. Tu as perdu tout repère, tu ne sais même plus où est le bas et où est le haut. Tu n'as pas l'impression d'être sur Terre, sur ta planète. Ce n'est pourtant pas possible ; tu ne ressens plus la gravité rassurante, tu ne vois plus le ciel, loin au-dessus de toi, à la présence rassurante. Il n'y a que le noir et cette chose humide et granuleuse autour de toi. Tu prends conscience du malaise qui est désormais en possession de chaque atome de ton corps. Tu ignores comment, pourquoi, mais tout à coup tout a disparu. La main, la chose qui t'entoure, la peur, le désespoir. Il n'y a que ce malaise qui t'emplit toute entière, et tout à coup tu es calme et tu réfléchis. Les souvenirs te reviennent un à un mais n'ont toujours pas de sens. Une pensée se fait forte dans ton esprit : tu devrais être morte. Tu es probablement morte, et voilà ton enfer. Tu sais qu'il t'a vidé  de ton sang, donc tu es morte.
La main ressert son emprise sur ton bras et te fait revenir à la réalité. Tu clignes de nombreuses fois des yeux. Tu n'entends pas sa voix ; il te parle mais tu l'ignores. Tu es sur Terre, sur la terre, à coté d'un trou sombre dont tu ne distingues que mal le fond. Tu lèves la tête. Le ciel et ses milliers d'étoiles veillent au-dessus de ta tête. Il y a trop de bruit pourtant. Un gazouillement te fait tourner la tête à gauche, à une vitesse qui aurait dut te tordre la nuque. Tu ne comprends rien. « En tant que créateur, je te libère. » Tu tournes la tête vers la voix juste à temps pour le voir... disparaître. Tu clignes des yeux une nouvelle fois. Tu ne comprends vraiment rien.
Tu te décides à bouger de cet endroit morbide. Tu ne sais pas où aller, mais tu préfères n'importe où à cette localisation-là. Tu fais un pas et... tu es loin. Tu fronces les sourcils et t'arrêtes, tu te retournes. Tu repères facilement l'endroit où tu étais il y a une seconde. Il est au moins à cinq cent mètres. Le bruissement du vent dans les feuilles des arbres environnants, le chant des oiseaux nocturnes, une sièrne lointaine ; tout cela t'assaille d'un seul coup. Ta tête te semble sur le point d'exploser, mais tu ne ressens aucune douleur. Tu entends le battement de cœur d'un animal sauvage et une nouvelle sensation s'empare de toi. Ca ressemble à la faim, mais ce n'est pas ça. Un petit son sec en provenance de ta bouche te distrait de l'animal sauvage assoupi. Tu lèves automatiquement ta main vers ta bouche et tu sens une excroissance, deux excroissances. Deux de tes dents sont plus longues que les autres. En passant le doigt dessus, une exclamation t'échappe. Tu regardes ton index. Une goutte de sang perle. Une sirène retentit et tu ne sais plus qui tu es. Tu es un prédateur et ta proie t'appelle. Tu inspires un grand coup et toutes les odeurs environnantes t'embrouillent l'esprit une seconde avant que tu ne saches précisément où il te faut aller. Tout va si vite, les arbres alentours défilent sans que tu les distingues, et tout à coup tu es sur une route. Les lumières des phares et des lampadaires t'éblouissent un moment puis tes pupilles s'adaptent. De tous les côtés, le battement du sang dans des veines non idenifiées te rend folle et tu te jette sur ta proie la plus proche. Tu ignores ce que tu es, ce que tu fais.
Tu es exactement ce qu'il voulait. Un monstre sanguinaire qui ne sait ni qui il est ni ce qu'il fait. Tu tues tout sur ton chemin.

Je me regarde dans le miroir. Ce sourire qui étire mes lèvres et illumine mon visage, je le connais bien. Il ne me quitte presque jamais. Pourtant, si on regarde au fond de mes yeux, on peut voir par moments cette petite lueur qui tremble. Et je la saisis, là, tout de suite ; je l'écoute et je la comprends. Je ne suis pas sure de ce qu'elle dit mais je ressens ce qu'elle me transmet.
C'est la lueur d'incertitude. Tout est allé si vite ; trop vite. Et même si je me suis bien adaptée, il y a ces questions qui tournent en boucle au fond de mon esprit, et il y a cette envie d'un repos inatteignable. Juste le temps de réfléchir, de savoir. A vrai dire, la question est de savoir qui je suis.
Je m'appelle Jules et j'aime le reflet que le miroir me renvoie. Depuis ma transformation, je ne peux nier que je suis une jolie personne. Des cheveux d'or aux boucles dansantes, deux noisettes brillantes de malice et de joie, un sourire à faire craquer... Et je ne peux nier que je suis une agréable personne. De la bonne humeur à revendre, de l'optimisme à la pelle, de l'énergie positive sans limite. Pourtant, il y a quelque chose d'enfoui sous tout cela. Cette question. Qui suis-je. Je suis une simple fille paumée dans sa vie, au fin fond d'un petit trou nommé Bon Temps. Je suis une femme assurée qui arpente chaque nuit les bars de Shreveport. Je suis l'amie hésitante qui prend dans ses bras parce qu'elle ne sait que dire. Je suis celle qui fait tourner les têtes avant de choisir mon repas luxueux du soir. Je suis l'anorexique qui ne peut rien avaler sans ressentir l'urgence absolue de tout vomir. Je suis la vampire anormale qui ne tue jamais, n'a plus jamais tué après les deux premières semaines. Je suis une chose blonde, frêle mais forte, faible mais têtue, timide mais orgueilleuse, coquette mais malhabile, assurée mais hésitante, rassurante mais paniquée, perdue mais avançant, chaque jour, un pas après l'autre, vers cette nouvelle vie qui s'ouvre à moi.
Un beau salaud m'a donné cette possibilité.
Un vieux vampire qui n'acceptait pas la Révélation à venir. Il a voulu créer le chaos en transformant plusieurs jeunes vampires et en les abandonnant à leur sort. J'ignore qui il était. J'ignore qui sont les autres. J'ignore s'ils vivent, si l'Autorité les a descendu, s'ils ont réussi à se contrôler, s'ils ont massacré leur famille. Moi, j'ai rencontré Célia qui m'a aidé. J'ai réussi à m'arrêter. Je me nourris surtout de TruBlood, me permettant quelques excès par gourmandise sur des humains consentants. Le malaise de mon anorexie a disparu depuis que je suis devenue une créature de la nuit. Je n'ai plus revu ma mère que de très loin, et je ne compte pas lui adresser la parole avant un bon moment. Je n'ai plus qu'à trouver où je vais, qui je veux devenir. Quatre années ont passé et ne m'ont pas suffi. J'ai l'éternité devant moi. Ou presque.



Hello ! Derrière mon personnage qui ressemble à deux goûtes d'eau à Candice Accola, je suis en réalité une fille, j'ai 19 ans. Je m'appelle Lou mais on me nomme aussi Lou sur la toile. Ma présence sur le forum sera de 7/7, mais pour le rp ça dépendra. Je fais environs une page, un peu plus ou un peu moins. J'ai connue le forum grâce à Google. Mon mot de la fin sera GERONIMOOO !