Chasse & contrariétés

John avait eu des nouvelles de Cormag, qui semblait avoir trouvé le nom de ces vampires qui avaient attaqué Eleanora. Un mail simple avec les coordonnées des types en question. John s'était absenté de chez Elea en disant qu'il allait voir Sullivan pour divers problèmes personnels et vampiriques. Ce qui n'était pas faux. Il trouva son créateur et lui demanda de le suivre jusqu'à la voiture. Il prit le volant et laissa s'installer Sullivan. Il voulait que son créateur soit avec lui. Il avait besoin de parler de plusieurs choses à Sullivan et il avait toujours eu l'habitude de régler ce genre de problème ensemble. Ils agissaient toujours en duo. Et il faut avouer que Sullivan lui manquait et il avait besoin de passer du temps avec lui. Le moteur démarra. John donna le papier à son créateur et commença à lui expliquer la situation, tout en prenant la route de Bâton Rouge.

« Ces deux types ont fait du mal à Eleanora. Je dois leur régler leur compte. Pas de pitié et ne retiens pas ma main. Ce sont des salops de première et je vais me faire une joie de leur faire comprendre ce que c'est la souffrance. Ils sont très jeunes, ca ne sera pas difficile. »

Rien que de parler de ceux là, John sentit son estomac se contracter sous la haine qu'il éprouvait à leur égard. Il allait leur faire leur fête. Littéralement. Il allait foutre le gentil John au placard pour une soirée et régler le problème une bonne fois pour toute. John se concentra de nouveau sur la route. Après quelques minutes de silence, et à réfléchir comme jamais. Il tenta une approche vers son créateur sur la question de sa demande en mariage.

« Sinon, ca va avec Elyane ? Tu as l'air épanouie. Je n'ai pas vu signe d'Adam depuis ce que tu m'as raconté. Peut être voulait il simplement nous faire peur sans agir. »

Ca n'allait pas être aussi facile et John se contentait de tourner autour du pot. Il ne savait pas comment lui dire, il craignait sa réaction. Il jeta un regard sur le côté pour observer Sullivan et sa façon d'être. Il écoutait ses quelques paroles. Est-ce que son créateur allait le laisser partir de chez eux ? Il n'avait guère le choix au final. Sullivan devait sentir son malaise. Il devait arrêter de jouer à l'imbécile.

« Je sais que je traine beaucoup chez Eleanora depuis quelque temps et j'ai la crainte que Katherine ne revienne à la charge. Ce n'est pas parce que je ne t'aime plus, au contraire, tu me manques beaucoup... mais il y a des moments dans la vie où on prend de lourdes décisions et... j'ai demandé la main d'Eleanora en mariage. Elle a dit oui. »

Il serra son volant entre ses mains et détourna son regard vers la route. Il attendait la réaction finale de son créateur qui ne laissait personne entrer dans sa vie. Mais les choses changeaient. Sullivan a Elyane dans sa vie, alors pourquoi John n'aurait il pas le droit de vouloir s'installer ?

Chasse & contrariétés

Cela faisait plusieurs jours que Sullivan n'avait pas vu John à l'appartement. Depuis qu'il s'était enfin mis avec cette Eleanora. Même si le vampire appréciait la jeune femme, grâce à son caractère, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une grande jalousie envers elle. Elle lui volait littéralement son John. Après, il était aussi vrai qu'avec le nouveau-né qu'il avait crée et Elyane, le vieux vampire avait nettement moins de temps pour lui. C'était aussi sans compter sur Adam qui rodait ce qui rendait Sully totalement dingue. Le moindre bruit, le moindre rire la faisait sursauter. Il n'y avait pas de doute, il allait avoir besoin de vacances et rapidement.

Il y a aussi le fait que John soit particulièrement violent avec sa "soeur de sang". Même si Sullivan comprenait parfaitement son comportement, il le condamnait car au final lui mettait plus de bâtons dans les roue qu'autre choses dans l'éducation de Rose. Car il mettait à point d'honneur à s'occuper un minimum de sa progéniture. Il assumait ses conneries et surtout ne voulait pas ressembler à son propre créateur. D'ailleurs, après une séance d'explication que "comment vider un humain sans le tuer" il avait laissé la rouquine rentrer un peu chez elle. Un sourire en coin s'étirait sur ses lèvres, un de ses mauvais plans se préparait, il avait la ferme attention de la rappeler de force d'ici quelques heures pour lui montrer un peu qu'elle ne risquait pas de se carapater au Canada. Qu'il avait hâte de voir sa tête !

John décida de rentrer à ce moment-là, renfermé, bougon, lui demandant de le suivre jusqu'à la voiture, il avait quelque-chose à lui raconter. Ce fut intrigué que Sully le suivit assez docilement et s'installa à la place passager. Sa progéniture lui tendit une adresse et lui expliqua qu'ils allaient casser du bébé-vampire. Ou du jeune vampire. C'était du pareil au même pour Sully avec l'âge qu'il avait. Haussant les épaules, il lui répondit un simple :

« Compte sur moi, pour une fois qu'on va faire un truc marrant. »

Il laissa ensuite son regard dériver au travers la fenêtre se préparant mentalement à la castagne qu'il y allait avoir. Jusqu'à ce que John se mit à parler d'Elyane ce qui lui fit grincer des dents :

« Détrompe-toi. Il est passé récemment et a menacé Elyane. Rien de bien grave, mais il prépare un sale coup. J'ai demandé à Elyane de partir en France chez son père, pour la mettre en sûreté, mais cette tête de bécasse ne veut pas m'écouter ... »

Quelle plaie. Mais après tout, c'était probablement pour cela qu'il l'aimait. Mais quelque-chose le détacha de cette pensée, une sorte de malaise qui émanait de sa progéniture. Sullivan reporta alors son attention sur lui, pour essayer de comprendre. John lui cachait manifestement quelque-chose à voir son embarras comme cela et la curiosité de l'irlandais fut piquée au vif, surtout que l'anglais n'allait pas tarder à cracher le morceau.

Et ce fut violent. Peut-être trop pour Sully qui ne s'attendait vraiment pas à ça. Si son coeur pouvait encore battre, il aurait manqué un battement. Le monde cessa alors d'exister et d'un geste brusque mais calculé, Sullivan poussa John et appuya sur la pédale de frein de l'engin. Celui-ci eut tout les peines du monde s'arrêter dans un crissement absolument abominable. Sullivan était pâle et n'entendait même plus John pester contre lui car sa dernière phrase se répétait en boucle :

« NON, MAIS IL TE MANQUE UNE CASE MON PAUVRE JOHN ! »

Ce fut à cette instant la seule phrase qui sortit dans un effroyable cri. Avant de reprendre un ton plus bas :

« Ça t'arrive de réfléchir de temps en temps ? Non, mais c'est du délire, cela doit bien faire moins d'un mois que vous êtes ensembles. Puis ce mariage n'a absolument pas le moindre sens. Dans 40 ans, elle clamsera, comme une pauvre mortelle qu'elle ait et ça m'étonnerait quand même beaucoup que tu te décides enfin à faire une progéniture ... Surtout pas avec elle, ta si belle et pure Caitlyn. Ah non, suis-je bête, elle s'appelle Eleanora. Tu revis inlassablement ta vie qui n'existe plus depuis des lustres John. Tu es mort, et quoique tu fasses rien de ce que tu pourras faire n'effacera ce qui t'es arrivé et ne ramènera ta vie, ta famille et tes enfants. Il faut arrêter le délire maintenant ... »

Sullivan était particulièrement dur avec John. Peut-être beaucoup trop mais le vampire agissait sous le coup de l'adrénaline et de la peur violente qu'il avait de perdre John, de vouloir toujours le protéger de tout. C'était plus fort que lui ...

Chasse & contrariétés

John savait que Sullivan pouvait dépasser des limites mais pas à ce point. Il pouvait sentir sa détresse intérieure mais il ne comprenait pas sa réaction totalement. Sullivan le poussa pour le forcer à arrêter la voiture. Il pesta et tenta de reprendre le contrôle mais en vain. Il finit par immobiliser la voiture totalement. Il allait demander à Sullivan d'arrêter de lui hurler dans les oreilles qu'il reprit la parole plus calmement. John le regarda avec de grands yeux.

Sullivan parla avec des propos censés mais aussi très douloureux. Pourquoi ne pouvait-il pas se taire ? N'était-il pas conscient de tout celà ? Il le savait mais il était prêt à prendre des risques dans sa relation. D'ailleurs, n'était-ce pas un de ses premiers refus à ne plus revoir Eleanora ? Mais tout le monde l'y avait bien poussé de nouveau dans ses bras. Il avait eu peur de lui faire du mal. Il savait ce qu'il était et ce n'était pas la peine de lui rappeler. La gorge de John se serra et son visage se crispa au fur et à mesure des propos brusque de son créateur. Il avait vu de l'espoir et Sullivan venait de tout lui briser en quelques mots. Il détourna son regard. Plus que blessé, Sullivan venait de le mettre en colère. Il l'avait blessé et John en retour n'avait envie que d'une seule chose: qu'il ressente ce que lui ressentait après ce qu'il venait de lui sortir. Ses sentiments étaient dirigé vers lui. Il décida d'accompagner celà à la parole. John le poussa d'abord vers son siège, avant de lui dire, les traits tendues, la voix éraillés par l'émotion:

« Qu'est ce que tu sais de la famille ? T'es même pas capable de dire ce que tu ressens aux gens. Alors qu'est ce que tu peux m'apprendre des émotions ? Mais si tu veux jouer à ca, on va jouer: tu crois quoi ? Que ta petite Elyane va se laisser gentiment faire le jour où tu lui proposeras de la transformer en sale cadavre ambulant ? Tu le crois sincèrement ? Non... Et tu sais quoi ? Elle aussi va crever. Moi, au moins, j'ai l’honnêteté d'assumer mes sentiments et de vivre avec. Laisse moi l'avantage de m'accrocher à la seule chose que je n'ai jamais regretté dans toute ma pitoyable existence sur terre: Ma famille ! Alors va te faire foutre Sullivan ! »

Il sortit de la voiture en claquant la porte et commença à s'éloigner. La douleur reprit le dessus et il ne put s'empêcher de pleurer. Il était conscient qu'il allait la perdre encore. Et il ne pouvait se résoudre à la transformer. Il ne pouvait lui transmettre cette torture qui continuait de le tourmenter depuis bien de siècles. Il avait toujours rejeté celà... Mais il savait qu'il allait surement pleurer encore son âme soeur... comme il l'avait fait... Que ca serait surement une nouvelle épreuve difficile et qu'il risquait d'y perdre la raison. Il voulait simplement vivre son bonheur à fond et ne pas penser aux conséquences. Et toujours lui rappeler la mort de ses filles... pourquoi ? Vivre en tant que vampire à part entière ne lui convenait pas. Il était malheureux. Pourquoi ne voulait il pas le laisser tranquille. Il ne regarda pas derrière lui quand il prit une route dans les bois. Il ne savait même pas si Sullivan le suivait ou non. Il avait juste besoin d'être seul un instant. Il se laissa tomber près d'un arbre et laissa ses larmes de sang continuer de couler le long de ses joues. Il pestait contre Sullivan dans sa tête.

Chasse & contrariétés

Bien entendu les propos de Sullivan eurent les effets qu'ils devaient avoir : John péta un câble. Tout comme son créateur. Ce genre de disputes étaient très fréquentes entre eux, mais jamais encore elles n'avaient atteinte cette force et cette dureté. La voiture était toujours à l'arrêt et John, s'énervant, les larmes aux yeux lui envoya en plein figure exactement ce qu'il venait de lui envoyer. Ce fut comme une claque monumentale qui résonna avec la portière de John qui se ferma violemment. Après tout, il avait raison. Ils étaient tout deux dans la même situation finalement, mais ça, Sullivan faisait tout pour se le cacher, se voiler la face. Finalement, il n'avait jamais réfléchis à ce qui suivrait avec Elyane, se contentant de vivre au jour le jour. Mais un ... Mariage ? C'était différent, une véritable projection dans le futur qui finalement, n'avait pas sens. Pas si la jeune femme n'était pas aussi une immortelle.

Sully était seul dans la voiture mais ne bougea pas pour rattraper John. Il sentait sa douleur et son envie d'être seul, il ne voulait pas aggraver les choses. Depuis plusieurs années les choses étaient tendues entre eux. Et s'il était temps pour eux de ... couper le cordon ? Cette pensée le fit frissonner. Il ne voulait pas perdre John, mais les circonstance commençaient à l'exiger. Lors de leur mésaventure au Fangtasia, Sullivan avait cru comprendre que sa progéniture n'était pas encore prête pour cela. Et si ... ? Non, il n'allait quand même pas s'abaisser à ce genre de chantage affectif. Pourtant, c'était peut-être le seul moyen. Et cette proposition avait un peu de fond finalement. John voulait commencer une nouvelle vie, tout en reniant celle qu'il avait déjà, c'était son choix. Mais qu'est-ce qu'il était pénible pour Sullivan de l'admettre. Une mince lui broyait la gorge lui amenant cette sensation d'étouffé. Il sortit de l’habitacle, inspirant comme il le faisait autrefois l'air presque pur du bord de la route. L'irlandais avait comme l'impression d'être coincé. John voulait vivre son rêve idiot, depuis des années il essayait de le convaincre d'abandonner son passé, mais sans succès, Sully était à cours d'argument mais surtout à bout nerveusement. A quoi bon continuer après près de 375 ans de tentative. Et si tout ceci n'était qu'une lamentable erreur. Une énorme bourde supplémentaire à ajouter à sa longue liste ? Il se refusait de penser cela, avoir John dans sa vie, le transformer, lui a permis d'avoir enfin ce qu'il qualifiait de famille. Mais quel en était le prix ? Le Bonheur de John ?

Celui-ci n'était plus dans les parages. Heureusement que la nuit était encore jeune. Ils fallait qu'ils parlent, mais le plus calmement possible. Au fond, Sullivan comprenait ce que ressentait John, et pas seulement parce qu'il le ressentait dans son esprit mais parce qu'ils étaient un peu dans la même situation. Il ne savait pas comme les choses seront avec Elyane, cela le terrifiait presque. Pour lui, les choses devaient rester telles qu'elles étaient et ils n'avaient pas besoin d'une convention humaine pour établir ce qu'il y avait entre eux. Mais pour plus tard ? Au fond de lui, Sullivan avait l'intime espoir que la demoiselle accepte de devenir comme lui, mais la connaissant cet espoir était réduit à peau de chagrin et l'idée de la perte lui serra le coeur. L'aimerait-elle assez pour accepter ? Pour comprendre qu'au final, le départ, la mort de quelqu'un infligeait le plus de peine à celui qui restait.

La douleur infinie de celui qui reste,
Comme un pâle reflet de l'infini voyage
Qui attend celui qui part. (pierre bottero)

Après plusieurs minutes de marche, il tomba enfin sur sa progéniture qui était assis sur une racine d'arbre coupée. Sullivan ne savait pas comment agir après ce qu'ils s'étaient tout deux balancé. Il soupira avant de poser une main douce sur l'épaule de son ami. Ils avaient tant partagé ensembles et il voulait arranger les choses. Au fond John avait raison, Sully avait toujours les plus grandes peines du monde à exprimer ses sentiments. On lui avait toujours enseigné que ceux-ci étaient une véritable faiblesse que n'importe qui pouvait utiliser, même les personnes qui vont sont le plus proches. On ne se défait pas de ce genre de chose. D'une voix enrouée par l'émotion mais essayant tant bien que mal de se contenir, Sullivan déclara :

« Entant que ton créateur ... Je te libère John Huntingdon. »

Au fond, il savait que finalement, c'était la seule chose à faire.

Chasse & contrariétés

Notre vampire tentait de se calmer. Il avait besoin de rassembler ses esprits. C'était dur. Après de longues minutes dans le silence de la nuit, il entendit les pas lents de Sullivan se rapprocher de lui. Il ne releva pas la tête. Il sentit une main se poser sur son épaule, il releva les yeux et le regarda d'un air désolé. Il n'avait pas voulu être méchant en retour avec Sullivan, mais ils passaient tous les deux leur temps à se lancer des pics. C'était dans leur nature. Il ouvrit la bouche pour lui dire mais Sullivan le devança de mots qui le clouèrent sur place.

Si son coeur pouvait battre encore, il se serait arrêté une nouvelle fois. Cette phrase fut accompagnée d'un vide en lui qu'il ne pouvait pas expliquer. Le regard totalement désespéré, la panique montant en lui, il attrapa son créateur par le col violemment et se mit à commencer à lui hurler dessus.

« IMBECILE ! DEFAIT CE QUE TU VIENS DE FAIRE ! MERDE ! MERDE ! »

Il lui mit une droite violente en pleine figure. Son corps tremblait. Non. Il ne pouvait pas lui faire ca. Pas maintenant ! Il avait tant besoin de lui ! Il ne pouvait pas vivre sans lui ! Quel idiot d'avoir proféré de telles paroles ? Des larmes coulèrent sur ses joues à flot, et John attrapa le visage de Sullivan. L’émotion le rattrapa.

« Nooon... Je t'en supplie... Ne me fais pas ca ! Je peux pas vivre sans toi... Tu le sais... Putain... Mais qu'est ce qu'il t'a prit ? Mais qu'est ce qu'il t'a prit ? Je t'aime Sully ! Putain mais tu sais que je t'aime ! »

Il ne put s'empêcher de l'embrasser avec force et désespoir puis de le prendre dans ses bras pour le serrer fort contre lui comme si celà pouvait ramener le lien perdu. Il ne voulait pas qu'il le laisse... Jamais... Il l'avait sauvé tellement de fois... et maintenant il l'abandonnait ? Il ne comprenait pas tout. Un sentiment de trahison monta en lui, assez ignoble et rien ne pouvait l'arrêter, plus même lui; Il se recula et le repoussa abruptement sur le sol d 'un seul coup.

« C'est cette garce de Rose c'est ca ? T'as décidé de me laisser tomber pour t'occuper d'elle ? Je t'ai déçu et tu ne veux pas d'une lavette comme moi ? Et bien soit, je ne serai plus dans tes pattes ! »

John se leva. Il se sentit totalement dépassé, son cerveau et ses idées n'étaient plus claires et il se sentait incroyablement vide. Il avait l'impression d'avoir perdu la dernière connexion qui se pensait stable et éternelle dans son monde, celle qui la rattachait à cette vie éternelle à jamais. Mais aujourd'hui, il n'y avait plus rien. Il était perdu et il avait juste envie de hurler son désarroi. Il avait tourné le dos à son créateur qui lui semblait tellement étranger à ce moment précis:

« Espère qu'Adam me trouvera avant que je ne trouve Rose, car je te jure que je ne me laisserais pas faire par une emmerdeuse qui veut prendre ma place. Maintenant que tu ne me sens plus: trouve moi. Je pense que ca risque d'être sympa comme jeu et c'est ce que tu aimes non ? »

Mais avant, il avait aussi quelque chose d'autre à régler à Baton Rouge et il était pris d'une furieuse envie de massacre. Il leva un regard vers le ciel et ne daigna même pas tourner les yeux vers son créateur quand il décida de partir vers Baton Rouge par la voix des airs. Une première pour lui, bien qu'il savait se servir de cette technique là, il ne l'utilisait jamais. A peine quelques minutes plus tard, il se posa dans un parking d'un centre commercial près de l'adresse. Il ne soucia pas des regards qu'on lui lançait quant à son visage couvert de sang par ses larmes. John se dirigea vers les toilettes de ce centre. Il regarda longtemps son reflet avant de se mettre à nettoyer le visage. Il avait des choses à faire, et il pouvait pas y aller dans un état pareil. Des traces de larme, ca n'était pas bon pour ce genre de mission. Quand il eut fini, il regarda longtemps son reflet, avant de le briser de son poing d'un geste rageur. Sa poigne avait été si forte qu'il avait laissé un trou dans le mur derrière. Il regarda sa main ensanglantée dont les blessures se résorbaient déjà. Il se remit en marche vers l'adresse. Il n'était pas au bout de ses surprises.

Chasse & contrariétés

Sullivan s'attendait à une réaction violente. En même temps quel imbécile il avait été de ne pas exposé son idée, ses raisons, avant de se lancer. Après, en mettant John devant le fait accompli celui lui évitait de devoir argumenter des heures et de changer d'avis au dernier moment. C'était tout Sully, à toujours faire les choses à l'envers et s'étonner après du résultats se prendre des vestes. Et il ne fut pas déçu. Les réactions de John furent violente, passant du désespoir avec sa claque monumentale (en ce moment, Sully avait l'impression de vraiment beaucoup prendre au niveau du visage) jusqu'à la passion violente et un dernier baiser. Pour terminer par un grand ressentiment et un rejet total. Ce fut la partie qui surpris le plus le vieux vampires car sa progéniture avait vraisemblablement très mal interprété son attention. Surtout, il ne lui laissa pas le temps de s'expliquer car il s'envola aussi promptement le mettant au défi de le retrouver sans leur ancien lien.

Contrairement à ce qu'il pouvait penser, Sullivan connaissant si bien John que leur lien ne lui était plus utile finalement. Après tout ce temps passé ensemble, il pouvait prévoir presque les faist et gestes de l'anglais et ça, il le savait. C'était le sous-estimé que de penser qu'il ne retrouverait pas rapidement. C'était pour cela que Sully savait que sa progéniture n'était pas partie régler son compte à Rose -en même temps, il en était incapable, il n'était pas un meurtrier de sang froid et sans réelle raison- et il plongea sa main dans la poche de sa veste en y ressortant un papier froissé : l'adresse des deux abrutis qu'ils devaient exploser. Si John avait une rage a exprimé, ces deux-là allaient prendre très cher. Heureusement qu'il avait toujours l'adresse et Sully décida de prendre la voiture. Pas qu'il n'aimait pas voler, mais laisser la machine en marche au bord de la route n'était pas la meilleure des idées. Puis Bâton rouge n'était pas très loin.

Garant soigneusement la voiture à plusieurs patés de maison, son pas régulier et sûr l'amena jusqu'à la dite adresse. Au vu du silence qui régnait dans le quartier et du taudis de l'adresse, John n'était pas encore arrivé. Et s'il se trompait ? Non ce n'était pas possible, il en était certain. Se contenta donc d'attendre, son coeur était totalement serré. Le vide qu'il ressentait l'étranglait littéralement. C'était si dur que cela ? Il n'en avait pas le souvenir avec Adam, cela avait plus l'air d'une immense libération qu'autre chose. Mais tout était différent. Sullivan ne voyait pas cet acte comme une séparation, mais plutôt comme un acte de libération, comme sa phrase l'indiquait. Il laissait John faire sa vie, cela ne voulait pas dire qu'il ne devait plus en faire partie et ça, il fallait qu'il lui explique. John arriva enfin en Sullivan se rua sur lui l'empêchant de parler :

« Je t'ai dis que j'étais avec toi sur ce coup-là. On règle leur compte à ces abrutis, tu te défoule un bon moment et après tu auras intérêt à m'écouter. Pour une fois, ça te changera. »

A peine eut-il fini qu'il se mit en chemin vers l'habitation, ne laissant pas le temps à John de répondre et entra sans frapper. Visiblement la maison n'abritait pas d'humain, ce qui était une bonne chose. En même temps, au vu de son état, cela n'avait guère l'air étonnant. Sullivan sentait la présence des deux jeunes vampires dans la maison, heureusement qu'ils n'étaient pas en vadrouille ...

Chasse & contrariétés

John avait littéralement disjoncté et c'était peu de le dire. Il avait vécu près de quatre cents ans connecté à Sullivan, et pourquoi ? Pourquoi lui avait il fait ca comme ca ? Il ne lui avait pas demandé pourtant ? Pas cette fois... Il ne se sentait pas prêt et encore moins avec Adam qui rodait. Lui en voulait il ? Oui. Sans compter qu'il avait bien l'impression que cette maudite Rose prenait toute la place dans leur relation. Il ne supportait pas le fait qu'il ait une nouvelle progéniture. Qui était le plus jaloux des deux au final ? John était plus expansif que Sullivan qui se contenait mais qui pouvait faire des choses abjectes. John avait cette facette qu'il hurlait au monde entier. Il ne se cachait pas et ne cachait pas son mal être.

Il sortit du centre commercial et marcha d'un pas décidé vers l'immeuble où se trouvait ses cibles à éradiquer. Avec tout ce qu'il trainait, il risquait d'y avoir un véritable bain de sang. Il fut légèrement étonné mais pas totalement surpris quand il vit que Sullivan l'attendait à l'entrée du bâtiment. John grogna. Etait-il si prévisible ? Il devait changer celà... John ne daigna même pas le regarder, car il ne supportait aucun des regards de son créateur. Il lui semblait tellement étranger maintenant. Il lui répondit sur un ton cassant:

« J'ai pas besoin de toi... Ho, ce n'était pas le but de ta manœuvre en me coupant de toi définitivement ? Tu as décidé que je n'aurai plus besoin de toi donc j'applique. »

Sullivan ne l'écoutait guère et entra dans la bâtisse. John le bouscula et le poussa contre le mur du couloir, pour passer devant.

« C'est mon affaire, j'ai dit. »

Il alla directement là où il pouvait sentir leur présence. Il sortit ses crocs, et défonça littéralement la porte. Il découvrit une scène macabre où une jeune femme était attachée, nue et en sang, alors qu'un des deux étaient en train de faire sa petite affaire. Des monstres. John attrapa le type par la nuque d'une poigne destructrice, attrapa son bras pour lui retourner dans un 360° avant de l'envoyer valser contre un mur. Il leva les yeux et vit le second vampire qui semblait filmer la scène. Il vit dans le regard de l'anglais que c'était à son tour maintenant. Il allait tenter de fuir en usant de sa vitesse vampirique, mais John était déjà sur lui et lui claqua violemment la tête contre le bord d'un canapé. John lui retourna le bras, récupéra la caméra, et tout en lui tirant le bras, le maintien au sol de son pied. John lui souffla:

« Alors on préfère filmer que de participer ? Tu trouves ca bandant ? Je me demande si tu banderas encore quand je t'enfoncerai bien profond ta putain de caméra ! »

Il se tourna vers Sullivan et allait lui demander comme à son habitude dans ce genre de situation, de ce qu'il serait préférable de faire subir à sa victime et l'inviter à participer. C'était dans ses moments là qu'il comprenait la complicité qu'ils avaient acquis avec l'âge. Le regard de John croisa celui de son créateur, ses yeux cillèrent, il fit une grimace. Ce vide qu'il ressentait à chaque regard, c'était intenable. Il tira un grand coup sur le bras du type qui hurla.

« Je vais d'abord avoir quelques interrogation avant... que je commence à vraiment m'énerver. Qui a touché à ma femme ?
- Votre femme ? Mais on ne s'est jamais attaqué à une vampi... »

John l'attrapa par les cheveux et le releva de force. Il sortit une photo de sa poche. Celle d'Eleanora. Il lui colla sous le nez.

« Ca t'aide à te souvenir ? Hooo oui, je vois qu'il se rappelle. Qui alors ? Enfin ca n'a aucun intérêt vu que vous allez y passer touuus les deux et pas de la manière la plus délicate.
- Votre... Votre femme... ? Mais... Elle... Elle n'est pas morte ?... Je... Je croyais...
- ... qu'elle l'était ? »

Son otage semblait totalement troublé par cette photo et la nouvelle de John. Mais celui-ci n'y prit pas note. Le regard de sa victime en devenir se porta sur l'autre vampire. John tourna le regard sur le vampire qui avait franchement la tête de l'emploi et qui se remettait encore du coup que John lui avait porté. En même temps, avec Sullivan dans le passage, fuir n'était pas une option. John tira son otage par les cheveux tout en s'avançant vers l'autre gars. La haine au ventre. Du dégout extrême dans le regard. Il balança celui qu'il tenait aux pieds de Sullivan avant de s'accroupir vers le gars.

« Tu crois que j'ai été sadique avec ton copain ? Peut être ai-je fait preuve d'humanisme encore... Mais ne sois pas déçu, je vais t'expliquer le programme... Je vais d'abord t'arracher les deux yeux, puis je vais t'extraire ces deux canines qui ont osé boire le sang de celle que j'aime, ensuite je vais t'arracher chacun de tes membres... » Il s'avançait à chaque parole de son interlocuteur, on pouvait entendre qu'il perdait peu à peu son calme et qu'il se préparait à le torturer comme il se doit avant de le tuer. « ...pour t'arracher les couilles, tu te videras doucement de ton sang et je finirai par t'enfoncer un pieu dans le coeur avec une telle lenteur que tu viendras me supplier de t'achever, petite merde. »

A cette dernière phrase, il l'attrapa par le cou, et alla le plaquer contre un des barreaux d'un lit défoncé qui se trouvait là. Il ne put s'empêcher de demander à Sully mais de manière très froide: « Il n'y a pas de chaines en argent dans le coin ? Tu peux me les amener, comme ca je pourrai jouir de toute la souffrance qu'il subira sans pour autant me soucier qu'il ne décide de s'enfuir... »

Chasse & contrariétés

C'était totalement prévisible. Mais comme d'habitude, Sully y était allé beaucoup trop vite. Malgré ses 1000 ans d'existence, il n'avait toujours pas appris à ne pas brûler les étapes. Il pensait que John comprendrait comme presque à chaque fois. Sauf que maintenant, il n'y avait qu'un vide entre eux, comment pouvait-il comprendre ? C'était à son tour de lui montrer qu'ils étaient toujours ensembles quoiqu'il arrive. Que s'il avait fait ça, c'était simplement pour lui, lui donner de l'air de la liberté et que ce n'était en rien une décision égoïste. Il avait du pain sur la planche. la première étape consistait à ne pas écouter les remarques acerbe et le suivre quand même à l'intérieur de la bâtisse délabrée, sans rien dire. Ce qu'il fit, même si son coeur était lourd, les choses étaient si dures. S'il avait su ...

Le lieu semblait presque à l'abandon et pourtant, deux vampires vivaient clairement ici, cela ne faisait aucun doute et les choses devinrent claires rapidement quand ils arrivèrent de la pièce principale, lieu de tournage d'une scène pornographique macable. Le reste se déroula très vite et Sullivan resta totalement stoïque. A une autre époque, ou dans d'autres circonstance, il aurait été particulièrement ravi de l'attitude de John et tout cela n'aurait été qu'un immense jeu, un beau défoulement. Mais tout avait changé et il était totalement de marbre à ce qu'il se passait, en étant presque lassé. Tout ceci ne trouvait pas de sens à ses yeux et était plus désolant qu'autre chose. Un simple scène qui se répète inlassablement. Avait-il tant vieilli que ça ? John était entrain de défouler toute sa colère envers les deux porcs qui avait abusé d'Eleanora. Au final, ils n'avaient que ce qu'ils méritaient et Sullivan s'interposa quand un des deux lascars essaya de se frayer un chemin vers la sortie. Non mais il croyait quoi cet abruti. Une étrange colère s'insinuait dans son esprit. Toute la frustration, toute la colère qui avait envers son créateur qui revenait et toute sa vie qui partait littéralement en cacahuète depuis quelques temps explosait dans son esprit. Il ne pouvait pas s'énerver contre les principaux protagonistes, c'était les deux vampires qui allaient trinquer. Le plus jeune des deux se retrouva à ses pieds, jeté par John et Sullivan l'empoigna par le cou, le serra de plus en plus fort. Le pitoyable être se débattait de toutes sa misérable force. Il devait bien avoir 800 ans de moins que lui, il n'y aurait même pas de combat. Le regard noir se Sullivan, plus effrayant que jamais se planta dans le sien. La poigne se faisant de plus en plus serrer, ses cervicales craquèrent sous la pression et Sully envoya sa pauvre victime voler à l'autre bout de la pièce quand John lui adressa la parole. Non mais il le prenait pour son chien maintenant. Toute la colère de Sullivan transpirait par tous ses pores.

« Toute cette histoire, commence sérieusement à me gonfler. Tu penses franchement que des vampires planquent des chaînes en argent dans leur placard ? Et pourquoi pas un joli pieu de bois bien taillé tant qu'on y est. Brise lui juste convenablement les jambes, ça le tiendra un moment ... »

Ce qu'il s'empressa de faire quand il bondit à nouveau sur son ancienne victime qui gémissait de douleur en se maintenant les cervicales. Sullivan le planqua au sol solidement et d'un geste, précis, violent et plein de rage, brisa les deux jambes du vampire qui hurla de douleur. Ce cri retentit dans la bâtisse faisant trembler les vieux murs. Ce cri s'accompagna d'un rire à gorge déployé de Sully qui ricanait de cet être pitoyable qui se trouvait juste devant lui. Mais quelle mauviette ! Les cris et les rire couvraient tous les sons qui pouvaient venir de la maison, pourtant un bruit en particulier attira l'attention de l'oreille fine du vieux vampire qui s'arrêta brusquement de rire. Toujours aussi énervé, surtout que désormais les cris de sa victime couvrait l'étrange bruit, il se tourna vers lui et lui donna un coup violent dans la caboche pour le sonner ce qui fit diminuer ses cris à de simples gémissements.

Sullivan se releva. C'était un grincement de planquer qui venait d'or de la salle. Peut-être n'étaient-ils pas seuls dans la grande maison qui partait en morceau ...

Chasse & contrariétés

La situation l'exaspérait, tout autant que Sullivan. Il pensait au moins découvrir de vrais vampires, pas des tafioles comme il avait sous les dents. Et ils ont osé touché à sa femme ? Et si il n'y avait que ca. Le comportement de Sullivan l'énervait aussi au plus haut point. Il semblait pleins de reproches. Comment ca ? Il se foutait de sa gueule ou quoi ? Sullivan venait de lui répondre avec dédain, ce qu'il le fit s'énerver encore plus. Il lâcha le type qui s'effondra sur le sol et lui brisa les deux genoux. Il donna un coup de pied en pleine figure avant de lui cracher:

« Ta pitoyable mort attendra bien deux secondes, j'ai quelque chose à régler avant. »

Il se tourna vers Sullivan et le poussa violemment contre un mur, en l'attrapant par le col.

« Si ca te gonfle tellement comme tu dis, alors casses toi et fou moi la paix ! Ho et puis tes conseils merdiques tu peux te les garder ! Oui, puisqu'il parait que je suis assez grand pour me démerder tout seul au point de me laisser tomber ? Et pour ta gouverne, oui... il existe des vampires assez intelligents pour avoir ce genre de choses dans leur placard, pour éviter de se faire piéger par des vampires plus âgés. Moi compris... Je te signale que Katherine et Adam veulent ma peau et à part leur coller une balle en argent entre les deux yeux ou les piéger avec un filet en argent... Je suis sûr que je ne ferai absolument pas le poids contre eux. Ho mais c'est vrai que tu t'en fiches maintenant ! Puisque tu m'as envoyé me faire foutre ! »

Il se recula et attrapa une chaise qu'il brisa, il en retira un pied en bois qu'il enfonça dans le cœur du premier idiot au sol. Il ne hurla pas longtemps alors qu'il vint à exploser à la figure de John. Notre vampire se releva et regarda Sullivan d'un air de défi.

« Un en moins. Comme ca tu n'es plus obligé de surveiller la porte. Dégage ! Ca m'évitera tes putains de réflexions ! »

John essuya le sang sur son front, alors que le second vampire avait surement assez récupérer pour tenter une sortie à quatre pattes. John l'arrêta et l'attrapa par les cheveux. Il le força à se redresser, bien qu'un de ses genoux ne semblaient pas encore le maintenir tout à fait et le regarda tout en lui disant d'un air doucereux.

« Je ne parlais pas toi. Toi, tu ne sortiras pas de cette pièce en un seul morceau. D'ailleurs, où en étions nous ? Ha oui, je devais t'arracher les yeux. »

De l'autre main et dans un geste précis, il lui arracha le premier oeil. Le gars se mit à hurler à pleins poumon, portant sa main à son visage et tentant d'arrêter le flux de sang qui coulait sur son visage. John eut un sourire de contentement. Il se permit de balancer l'oeil dans un geste de provocation dans la figure à Sullivan. Il cherchait clairement son créateur comme un enfant rancunier cherchant à faire disjoncter ses parents. Le gars commença à lui demander de la pitié à son égard. John se mit à rire. Il tira sur sa tignasse pour pouvoir lui dire doucement à l'oreille de façon malsaine:

« Et est-ce que tu as arrêté quand elle t'a demandé de la pitié de ta part ? Espèce d'enculé de première ! Hein ? Tu te croyais malin ? Ce n'est que le début de l’enfer et je vais prendre un savoureux plaisir à te torturer. J'ai bien envie de t'arracher la langue pour que tu arrêtes de m'envenimer les oreilles par tes jérémiades. »

Il était tellement dans son délire qu'il n'entendait pas qu'ils n'étaient pas les seuls dans le bâtiment. Si bien qu'il lâcha sa victime sur le sol quand la porte s'ouvrit. Crocs sortis, prêt à attaquer, il fixa le nouveau venu. Mais son visage l'empêcha de faire quoi que ce soit. Impossible. C'était impossible. Se tenant devant eux, Andrew, le premier mari d'Eleanora était là. Il l'avait déjà vu sur plusieurs photos, bien qu'il n'aimait pas le voir sur ces clichés, il était clair qu'il avait rendu Eleanora heureuse durant une époque. D'ailleurs, face à ces photos, il s'était toujours senti plutôt amoindri face à ce bel homme aux muscles sculptés. Lui qui n'était finalement pas si grand que ca et qui était loin d'avoir un corps d'athlète.

Par l'odeur et l'aspect des canines qu'il arborait, il était de leur engeance. L'esprit de John dérouta et il eut un doute sur la situation. John souffla alors son prénom doucement, mais le jeune vampire en profita pour se jeter sur lui. Il n'avait nulle doute qu'il était le meurtrier et le tortionnaire des deux vampires dans la pièce. John ne savait nullement qu'il les soutenait qui plus est.

Notre cher John se retrouva collé contre un mur avec force et l'empoigna à la gorge. Il remarqua qu'il avait ramassé le pieu de fortune qu'il avait utilisé pour le premier vampire. John n'arrivant décidément pas à agir face à la situation, hurla le nom de son créateur pour qu'il le sorte de là.

« SULLY ! »

L'étreinte autour de sa gorge disparut, et John toussa avant de continuer de hurler à son créateur:

« NE LE TUE PAS ! »

Bien qu'une partie de lui se disait que celà serait mieux au final qu'il meure ce soir et celà lui éviterait bien des ennuies. Mais il avait promis d'être honnête avec sa femme et lui raconter la seconde mort d'Andrew ne serait pas un acte qu'elle apprécierait. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il vivait une nuit de merde... Et il espérait déjà passer à la suivante et en finir une bonne fois pour toute avec cette histoire. Il regarda son créateur et lui dit difficilement:

« C'est... C'est le mari d'Eleanora... »

C'était dur à dire et ca lui faisait mal de le dire. Sullivan se foutrait surement de sa gueule. Toute cette histoire n'était qu'une blague en fin de compte. Il voyait déjà le mariage annulé et sa vie reprendre un nouveau chaos. Sullivan avait peut être eu raison en fin de compte et celà leur avait coûté leur lien. Cette histoire d'amour n'était peut être que le fruit d'un délire absurde.

Chasse & contrariétés

Chasse & contrariétés

John en faisait surement de trop et il savait qu'il n'était pas bon de mettre Sullivan en colère mais il ne pouvait s'empêcher de cracher son venin sur son créateur. Il n'essayait pas de comprendre, il suivait simplement ses émotions brutes qui l'envahissait totalement et qui l'empêchait de réfléchir. Pendant ce temps, il passait ses nerfs sur l'imbécile notoire qui avait touché à Eleanora. Il allait lui arracher la langue convenablement que Sullivan vint à l'attraper par la gorge subitement. Le globe oculaire lancé en sa direction avait surement été la goutte d'eau en trop. Ce con le tenait particulièrement bien et John savait qu'il ne pourrait pas s'en libérer aussi facilement. D'ailleurs, Sullivan y mettait tellement de pression qu'il avait du mal à respirer, mais celà n'affectait pas tant que ca John. Il savait que son créateur ne lui ferait pas de mal... A moins que... John avait un doute, car pour être en rogne, il l'était.

John grimaça et aurait voulu rétorquer mais le manque d'air l'empêchait de parler. Il ne cilla pas du regard pourtant devant les yeux gris et froid de son créateur. Le respect ? En avait il eut quand il lui avait commandé toutes ces choses ? Quand il l'avait mis un nombre incalculable de fois à genoux devant lui ? John avait attrapé le poignet de son créateur et tenta de le faire lâcher prise, prêt à lui répondre en conséquence mais ce qu'il s'en suivit le fit oublier son raisonnement.

Un nouvel invité arriva dans la pièce. Sous la surprise, John ne réagit pas. A peine eut il le temps de reprendre son souffle qu'il fut saisit de nouveau à la gorge et plaqué à terre. Il avait un pieu en main et était prêt à lui donner une mort définitive. D'une voix roque, il appela Sullivan à l'aide. Son créateur se chargea de le séparer de lui et le plaqua contre un mur. John le stoppa, il ne voulait pas que l'irlandais tue Andrew... Mais peut être aurait-il du le laisser faire. Ce qui s'en suivit, terrassa John. A peine le pieu fut planté dans l'abdomen de Sullivan qu'il craignait le pire. Ce fut un déchirement quand il hurla:

« NOOOOOOOOOOONNNN ! »

Il laissa passer une seconde avant de se relever, la rage au ventre. Il se jeta sur Andrew et l'envoya voler à travers la pièce. John se jeta de nouveau sur lui et lui tordit le bras pour le plaquer contre une table basse.

« Tu... as de la chance... qu'Eleanora tienne à toi, sinon je t'aurai tué pour ce que tu viens de faire...
- Eleanora ? Elle est morte pauvre imbécile alors que peut elle bien penser maintenant ? Et tu oses venir me faire la morale après avoir tué mon créateur ? C'est donnant donnant... »

John eut un moment de flottement. Il croyait qu'elle était morte ? C'était donc celà ? Et il était la progéniture d'un de ces deux malades ? John tordit un peu son bras sous une impulsion de haine, sa voix était cassée par l'émotion, il lui souffla:

« Comment... Comment peux tu vouloir rester avec ces chiens qui lui ont fait du mal ? Et même si elle n'était plus de ce monde, tu lui dois au moins le respect de sa mémoire... »

John le lâcha et le poussa vers la sortie.

« Barre toi ! Et prends ton estropié avec toi ! Et tu as tout intérêt à ne plus croiser ma route car je ferai ton affaire ! »

John se précipita alors vers Sullivan. Son teint était encore plus pâle qu'à l'ordinaire et il continuait de saigner abondamment. Il repoussa sa veste pour voir la blessure. Il était dans un sale état. John tenta d'arrêter l’hémorragie tout en parlant à l'Irlandais.

« S'il te plait... Reste avec moi... je ne veux pas que ca se termine ainsi. »

Il lui tapota la joue pour qu'il reprenne conscience un peu. Il avait besoin de sang pour se régénérer. Il se rappela alors de la jeune femme qui était attachée là. John n'aimait pas l'idée mais  il ne pouvait pas se permettre de perdre Sullivan. Il se dirigea vers la demoiselle en retirant sa veste. Elle eut un mouvement de recul en le voyant s'approcher. John la détacha délicatement, tout en croisant son regard pour l'hypnotiser. Il posa sa veste sur ses épaules.

« Mon ami... Mon ami est blessé... Je ne vous veux pas de mal... Mais si vous pouviez... juste lui donner un peu de votre sang... »

John l'hypnotisa et elle ne pouvait pas dire non, mais il tentait d'y mettre les formes. La jeune femme s'approcha alors de Sullivan comme un robot. John revint vers son ami, et le prit dans ses bras et redressa sa nuque. Il déposa un baiser sur son front, tout en le gardant près de lui. Il demanda à la demoiselle d'avancer son poignet vers la bouche du mourant. Il souffla doucement à son créateur alors que des larmes de sang coulaient le long de ses joues.

« Allez... S'il te plait... Excuse moi... Je... J'ai merdé ! Je n'aurai pas dû te reprocher toutes ces choses mais j'ai ce vide en moi et je ne le supporte pas... Je ne supporte pas de ne plus te sentir en moi. J'ai eu cette impression d'abandon. Mais si je venais à te perdre celà serait un déchirement. Tu es mon créateur et le meilleur que j'aurai pu avoir de toute une vie vampirique... Je t'aime Sullivan... Mais si tu ne veux plus me revoir après les paroles que je t'ai proféré... Je le mériterai... Je ne pensais pas ce que je disais... J'étais juste très en colère... »

Chasse & contrariétés

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Il faisait son idiot et John se sentait totalement perdu. Il ne voulait pas qu'il meurt mais il ne pouvait s'empêcher de le forcer à boire. Que lui prenait-il ? Il ne voulait pas que tout s'arrête aussi bêtement entre eux. Il avait besoin de lui, de le sentir en lui comme avait. Ils avaient passé plus de trois cents ans avec ce coeur en commun et à l'évidence, c'était un réel déchirement qui se créait en eux.

A chacune de ses paroles, John craquait un peu plus et il venait de fondre en larme. Les gouttes perlant le long de ses joues venait à se perdre sur le front de son créateur. John le serrait contre lui, il ne voulait pas le perdre, mais il avait été idiot de lui mettre le couteau sous la gorge comme ca. D'une voix vacillante, il lui répondit tout en caressant doucement ses cheveux.

« Idiot... Tu es un idiot Sullivan... Tu n'es pas un boulet pour moi... Si il devrait en avoir un, c'est bien moi... Mais... je ne voulais pas... que tout s'arrête comme ca... J'avais pensé... J'avais pensé que notre lien serait éternel... Ce n'est pas parce que je vais épouser Eleanora que je veux te quitter... Je voulais garder ce lien... Continuer de te sentir avec moi même si tu n'es pas là. C'était continuer de t'intégrer dans ma vie... Qu'on reste une famille... Je voulais que ce lien reste pour l'éternité... Plus qu'un lien de domination, c'était pour moi un lien d'amour profond. Tu aurais dû m'en parler avant de faire ta tête brulée. Tu aurais dû... Mais maintenant... »

Voilà ce qui lui reprochait. Mais pas seulement... Il voulait lui parler de Rose, qu'ils crèvent l’abcès et ce qui lui faisait tant mal au fond de lui. Mais pas maintenant, il y avait plus urgent. Si ils pouvaient remettre ce lien, John ferait n'importe quoi pour... Mais c'était trop tard... Comme la douleur qu'il devait ressentir. Il aurait voulu la ressentir avec lui. A deux. Comme celà l'a toujours été. Sullivan l'avait sorti de sa torpeur. Il l'avait ramassé alors qu'il n'était plus rien et il lui avait sauvé la vie. Ce lien l'avait rendu plus fort, et il le regrettait tellement. Il refusait le sang à cause d'Elyane. John se redressa et lui dit d'une mine sévère.

« Oui et tu as l'intention de lui dire ca quand tu seras au pays des morts ? Tu dois boire et maintenant ! Je crois qu'elle t'en voudrait surtout de ne pas l'avoir fait ! Et on est à deux heures de Shreveport ! C'est le seul moyens de t'en sortir. Alors fais-le tête de lard ! »

Pour une fois que c'était lui qui l'obligeait à boire du sang, les rôles s'inversaient. Sullivan craqua et but le sang de la jeune femme. John soupira, surveillant qu'il n'en prenne pas trop. Il gardait Sullivan sur ses genoux et espérait que celà suffirait. Son créateur se retira au moment où John allait intervenir. John prit ensuite le poignée de la demoiselle, passant quelques gouttes de son sang dessus pour la faire disparaitre. Il capta son regard et lui dit doucement:

« Rentrez chez vous. Oubliez ce que vous venez de vivre. Des gens doivent vous attendre. Demain matin prenez un complément de vitamines, vous risquez d'avoir un peu mal à la tête... Et... merci... »

La jeune femme acquiesça et s'en alla. John lui laissa sa veste. Tant pis. De toute manière, il n'avait rien dans ses poches. Il se baissa vers Sullivan, regarda la blessure de celui-ci. Elle se cicatrisait plus vite mais elle restait encore vilaine. John regarda de nouveau le visage de son créateur et lui fit un faible sourire pour le réconforter. Il lui souffla doucement.

« Ca devrait aller... Tiens le coup s'il te plait... On ne sera pas rentré avant l'aube à Shreveport, je te propose qu'on trouve un coin tranquille. Un caveau pourrait convenir, ca nous rappellera le temps où nous n'avions pas de chez nous et où nous passions notre temps à nous cacher. Je vais m'occuper de toi... Je te le promets. »

Il lui caressait le visage délicatement, tout en le gardant près de lui, le temps que la cicatrisation soit un peu plus avancée. Il ne pouvait empêcher des larmes de sang couler le long de son visage. Il se releva ensuite, passa un bras derrière ses épaules et l'autre sous ses genoux et le porta. Il était temps pour eux de quitter l'endroit. John alla jusqu'à l'entrée, la porte était déjà ouverte. Il fut surpris de voir que la nuit avait déjà bien avancé et qu'au fond le ciel commençait déjà à devenir rougeâtre. Ils devaient trouver un abris rapidement. Les sens de John le firent se diriger vers l'église. Souvent les cimetières étaient postés pas très loin.

De sa vitesse vampirique, tout en gardant Sullivan dans ses bras, il se dirigea vers le monument. Son regard se porta tout autour, il vit un panneau qui indiquait qu'ils n'étaient pas loin d'un cimetière. John continua jusqu'à arriver au milieu des tombes. Un caveau se dressait là. Il déposa délicatement son créateur près de la porte, pour ouvrir la porte de la tombe, en cassant proprement le cadenat. Il attrapa de nouveau Sullivan dans ses bras pour s'orientait à l'intérieur. Il était temps car ils commençaient tous deux à être fumant sous la chaleur qui commençait à se rependre.

John referma derrière lui, et commença à descendre les marches pour arriver dans une vaste pièce d'où se trouvait plusieurs vieilles tombes. John posa de nouveau Sullivan sur le sol, contre l'une d'entre elle, et s'accroupit devant lui. Il releva sa chemise pour constater son rétablissement.

« On va passer la journée ici. On a de jolies tombes... Celle derrière toi à l'air plutôt confortable... Enfin pour une tombe je veux dire... Je te laisse faire ton choix, je te suis ! Je te suivrai toujours... Quoi qu'il arrive tu sais... »

Il s'assit près de lui, tout en passant un bras autour de ses épaules. Il parla alors en gaélique. Peut être une des dernières choses qui les lie encore profondément.

« Ce qui... ce qui me fait le plus mal... C'est que notre ancien lien... tu l'as avec cette garce de première... Elle ne le mérite pas... Comme elle ne mérite pas d'être ta création... Et moi, je n'ai plus rien... Je ne crache pas sur le fait que tu aies transformé quelqu'un d'autre... mais ce que je ne supporte pas c'est que tu l'aies fait pour de mauvaises raisons... Je suis face à une injustice... Elle continue de nous détruire Suileabhan... Elle continue... Tu ne vois donc pas ? Elyane... Moi... Toi surtout ! Elle ne mérite aucune attention de ta part, pas après ce qu'elle a menacé de nous faire ! »

Chasse & contrariétés

Sullivan eut un petit rire qui se transforma en râle quand John le réprimanda. C'était hallucinant comme la situation avait changé en quelques minutes. Les deux amis se retrouvaient dans une situation totalement inversée, pour une fois, c'était John qui obligeait Sully à boire du sang. Le destin était bien étrange. Pourtant, ce fut ce qu'il fit. Il expliquerait la situation à Elyane plus tard, aucune doute qu'elle comprendrait aisément la situation. Le vampire sentait déjà les effets du sang chaud sur sa personne. Sa respiration se fit plus régulière, et la douleurs moins oppressante. Petit à petit il reprenait une conscience presque normal et les premières paroles lui vinrent enfin à l'esprit. Pourtant, il n'arrivait pas encore à aligner des pensées cohérentes et constructive, il se contenta alors de fermer les yeux, profitant doucement de ce repas chaud tout en laissant la jeune femme partir. Il était bien là. Dans la pénombre avec cette langueur qui le prenait doucement, garder conscience était difficile, pourtant la voix de John le retenait. Il ne le sentait plus mais il était toujours là, avec lui, en lui ...

Dans le brouillard qu'il entendait, Sully pouvait percevoir quelques mots de John. Ils devaient trouver un abri. C'était vrai que la nuit était déjà bien entamée et que cette bâtisse n'était pas le meilleur refuge possible, surtout avec les autres abrutis qui était toujours libres comme l'air. L'irlandais ne put sortir d'un faible grognement d'acceptation quand il se sentit soulevé du sol par sa progéniture. Après tout, il était beaucoup trop faible pour tenir sur ses jambes. Qu'il haïssait se sentir ainsi, totalement à la merci des autres et pas apte à utiliser ses propres membres. Un léger vent souffla sur son visage quand il vit défiler à une vitesse vampirique le décor autour de lui, comme un étrange dessin animé presque grotesque. Mais en même temps, l'aube pointait le bout de son nez et Sullivan avait toujours un pincement au coeur en le voyant. Par dessus l'épaule de John il regarda le ton rougeâtre du ciel, comme un pâle souvenir d'un soleil trop longtemps absent. Ils arrivèrent dans un cimetière ou John trouva un caveau. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas caché ainsi. Après tout, John avait voulu se poser et Sully appréciait dormir dans un vrai lit. John le posa enfin à terre, contre une tombe avant de refermer le caveau et de lui proposer de choisir son prochain "lit". Sullivan eut un petit sourire en coin avant de reprendre d'une voix faible :

« Celle que tu préfères ... »

Puis John s'installa à côté de lui pour le prendre dans ses bras. La tête de Sully tomba sur son épaule et un grand soupir sortit de sa bouche. Pourquoi étaient-ils toujours obligés d'en arriver là pour se retrouver ? Sa progéniture reprit la parole et ces mots touchèrent le vieux vampire. Ce fut comme une évidence :

« Elle ne sera jamais toi, John. Et ... Je ne pense pas l'avoir fait ... Pour de mauvaises raisons. Je devais nous protéger et protéger Elyane. Je la tiens désormais. »

Sullivan reprit son souffle avant de reprendre en serrant les dents, sa cicatrisation se faisait plus vite et était donc plus douloureuse :

« Je ne veux pas ... Être comme Lui, John. Je ne peux pas la laisser, sinon ce serait m'abaisser à ce qu'il pourrait faire. Je la relâcherai, quand elle saura se débrouiller seule. Je ne voulais pas quelqu'un d'autre dans ma vie, comme je ne voulais pas que notre lien se brise. Mais, je serai toujours avec toi John. Crois-moi que je t'emmerderai encore longtemps. C'est juste ... Que ... Je crois que tu as besoin d'un peu d'air. Je ne peux pas gérer toutes ses humeurs qui nous traversent. Si tu savasis le panel de sentiment que peut exprimer Elyane, tu serais bluffé, elle m'en fait voir de toutes les couleurs. »

Un petit rire sortit des côtés de Sully ce qui le fit davantage grimacer. Quelle idée de vouloir faire de l'humour dans un moment pareil.

Chasse & contrariétés

John ne voulait pas voir s'éteindre son créateur et il ne voulait pas qu'il pense qu'il ne tenait plus à lui. Il l'aimait et ne voulait pas le voir disparaitre. Certes, il faisait ses crises et quand il se disputait avec lui, on avait bien l'impression qu'ils allaient s'entretuer. Mais c'était dans son caractère et cette peur que John avait de perdre à jamais Sullivan. 377 ans à vivre ensemble ce n'était rien et aucun humain ne pouvait savoir le lien qui pouvait les unir aujourd'hui. Peut être qu'au fond, ils n'avaient plus besoin de ce lien, mais John le regrettait amèrement. C'était si dur pour lui !

Les paroles de Sullivan firent pleurer des larmes de sang à John. Il savait que rien ne pouvait égaler leur relation. Rien ni personne mais il avait peur que cette foutue Rose vienne tout gâcher. Oui, il l'avait fait pour les protéger, et alors ? C'est bien pour celà qu'il lui faisait payer celà chaque jour. Elle avait créé le chaos dans leurs histoires. Et la voir se pavaner à l'appartement comme celà. John ne pouvait pas le supporter. Mais il comprenait les raisons de Sullivan. Il posa délicatement sa joue contre le haut de son crâne, tout en passant une main dans le creux de sa nuque.

« Tu n'es pas lui, Sullivan et tu ne le seras jamais. J'en suis la preuve vivante. Mais... Mais j'ai si peur... Si peur de ne pas être à la hauteur... Seul... Tu sais quand je faisais mon fier en disant que je n'avais pas besoin de toi... En fait je suis terrorisé à l'idée de l'être aujourd'hui. Même si... Même si je sais que tu ne me laisseras jamais tranquille. Tu es le pire emmerdeur de la terre tu sais... »

Il se redressa, essuya tant bien que mal les larmes de sang qu'il avait sur le visage. Il se pencha sur Sullivan et inspecta sa blessure. Il allait visiblement beaucoup mieux, mais ils étaient tous les deux exténués et rester éveillé après cette longue nuit n'allait pas les aider à s'en remettre. D'ailleurs, il vit un perle de sang couler le long du nez de son créateur. Lui même sentait ses oreilles bourdonner alors qu'il sentait qu'un liquide tiède coulait le long de son oreille. Il frotta rapidement la perle de sang qui coulait sur les lèvres de Sullivan.

« Tu es exténué. On va dormir. Je m'occupe de ca. »

Il se redressa et poussa le lourd couvercle de la tombe derrière eux. Il entreprit de la vider rapidement de ses ossements qu'il posa derrière. Il se tourna ensuite vers Sullivan et l'aida à se relever et à se glisser dans la tombe. Il l'enjamba ensuite et se glissa près de lui avant de fermer doucement le couvercle au dessus d'eux. Ce n'était pas un hotel de luxe mais ce qui comptait, c'est qu'ils étaient ensemble et à deux.

John tenta de trouver sa place près de son créateur et le ramena contre lui. Une situation qui lui rappelait un passé révolu, mais dans ces petites choses, il savait qu'ils étaient pour l'éternité lié. Il lui souffla doucement.

« Repose toi. Tu en as assez fait pour aujourd'hui. Je vais veiller sur ton sommeil. Je t'aime Sullivan Moore et je t'aimerai toujours. »

Il le serra contre son torse. Une situation inversé puisque d'ordinaire, c'était toujours Sullivan qui s'occupait de lui. La respiration de son créateur commença à ralentir. John lutta un moment, il voulait s'assurer jusqu'à son sommeil que son ami s'en sorte bien. La respiration cessa alors totalement. Sullivan dormait profondément. John ferma doucement les yeux et laissa les ténèbres de la mort apparente le prendre à son tour. Ils se retrouveraient la nuit suivante. John avait besoin de faire le point et pas seulement avec Sullivan mais aussi avec cette histoire d'Andrew...