Cela faisait déjà quelques temps que je voyais une jeune louve tourner autour du QG de la meute. En fait la première fois je ne l'avais pas vu, mais je l'avais senti! Une odeur qui ne m'était pas connu. J'avais tout de même décelé le musc du loup et j'avais suivi sa trace. Malheureusement, j'avais perdu sa trace près de la route. Pourquoi une louve, car il n'y avait aucun doute que c'était une femelle, rodait-elle près de ma meute sans venir me voir. Plusieurs membres m'avaient avoué l'avoir vu dans les buissons ou senti sa présence. Et j'avais décidé que s'en était assez! Je devais trouver la raison de sa présence. Était-elle là pour m'espionner? Les loups solitaires ne sont pas très bien vu à Shreveport et je savais de quoi je parlais pour l'avoir moi-même été très longtemps. Néanmoins, je voulais lui donner la chance de s'expliquer. J'avais grimpé dans un arbre pour guetter sa venu. Personne de la meute était au courant de ce que j'avais planifié mis à part Rikki, car je voulais qu'ils continuent à agir comme d'habitude. Elle aurait pu s'apercevoir que quelque chose avait changé et aurait pris peur par la même occasion. Et je ne voulais pas manquer ma chance. J'étais certain qu'elle allait venir! Cela ne pouvait pas être autrement.

Ça faisait déjà presque deux heures que j'attendais planter dans mon arbre. Malgré ma patience légendaire, je commençais à être tanné. Il faut dire que je préfère largement être sur la terre ferme plutôt que perché à une branche. Aussi solide soit-elle, je craignais qu'elle finisse par se casser. Alors que j'allais me décourager, cette odeur particulière de l'inconnu me vint aux narines. Je reniflais l'air ambiant et su immédiatement que c'était elle! Mes sens furent alors en alerte. J'entendis une branche craquer au sol, des pas qui se faisaient lent et prudent. Je savais que c'était elle. Puis je la vit, une petite tête blonde passa sous l'arbre où j'étais perché. Elle s'avançait prudemment, probablement afin de voir les membres du pack. Elle était beaucoup plus jeune que moi, d'une dizaine d'années je dirais. Elle était très jolie! De longs cheveux platine, un corps mince et musclé. Même si je ne pouvais pas voir son visage, je savais d'ors et déjà qu'elle était magnifique. Il n'y a aucun doute que je l'aurais reconnu si je l'avais déjà vu dans les parages!

*Bon s’en est assez d’attendre! Il est l’heure de parlé maintenant ! * pensais-je.

Je sautais alors agilement en bas de mon perchoir pour atterrir avec grâce au sol. Je m'étirais de tout mon long afin de dégourdir mes membres qui avaient resté trop longtemps inactif. J'avais un look de camouflage qui m'allait à ravir. Un bandana autour de la tête avec des motifs d'armé et des pantalons assortis. Je portais également une camisole blanche qui moulait parfaitement mes pectoraux sculptés au couteau. J'étais au courant de l'effet que je faisais à la gentes féminine et j'en étais plutôt fier. Je posais mon regard sévère sur la jeune femme et la détaillais de la tête au pied.

- Si tu cherche le chef de meute, tu l’as maintenant trouvé. Dis-je de ma voie grave et grondante.

Je ne voulais pas lui faire peur, mais je ne voulais pas la couver non plus. Je devais savoir pour quelle raison elle ne c'était toujours pas présenter à moi et j'avais appris bien malgré moi qu'on ne peut pas jouer la carte de la gentillesse si l'on veut se faire respecter parmi une meute de loup. Ce sont des animaux sauvages et les garous ne sont pas très différents.

-Cela fait quelques temps que tu rode autour de la meute. Comment se fait-il que tu ne t’es toujours pas présenté à moi?

Je me rapprochais de quelques pas et ce n'est qu'à ce moment qu'une odeur autre que le musc du loup me vint aux narines. Mon odorat surdéveloppé venait de détecter la puanteur du vampire. Déjà que j'arrivais à peine à tenir mes loups à distance de ses suceurs de sang. Je commençais alors à gronder alors que mes yeux brillaient d'une lueur dorée.

* Calme-toi Alcide! * pensais-je. *Laisse-lui le temps de s’expliquer…*

Je pris alors une grande inspiration pour me calmer. Après tout, peut-être me trompais-je. Peut-être avait-elle seulement eu des problèmes avec un vampire. Ce n'est pas parce que je sens cette odeur nauséabonde sur elle qu'elle prend nécessairement du « V »! Je serrais alors les poings avant de les détendre. Tout le monde a le droit de s'expliquer.

-Alors mademoiselle? Dis-je pour l’inciter à parler.

Lorsque j'avais atterri sur le sol, elle s'était retournée vers moi dans une posture défensive. Elle semblait prête à se battre jusqu'au moment où je lui fis savoir que j'étais le chef de meute. Aussitôt elle changea d'attitude, baissa la tête en signe de soumission alors que ses yeux reprenaient leur couleur bleuté. Au moins elle avait le sens de la hiérarchie! C'était un bon point pour elle.

Je sentais la peur émaner de tous les pores de sa peau après que j'ai laissé mes yeux briller de frustration. Elle avait peur... elle avait peur de moi! Cette seule pensée suffit à me calmer complètement. Je me détendis, me rendant compte à ce moment seulement de la tension que j'avais eue au niveau de mes épaules. Je poussais un petit soupir et hochais légèrement la tête. Il était temps de prendre les choses plus légèrement. Elle devait certainement avoir une bonne explication et ce n'était pas vraiment bien de ma part de lui faire peur dès notre première rencontre. Je ne voulais pas avoir l'air du chef dominant qui n'écoute personne sauf lui-même : ce n'était pas moi! Je vis par la crispation de ses yeux et de tous son corps qu'elle avait peur de recevoir un coup, cela se voyait et se sentait. J'avais été un idiot! Je ne frappe pas sans raison!

-Ne t’en fais pas, tu n’as pas créé de tord à la meute. La rassurais-je d’une voix beaucoup plus calme.

Je ne pu m’empêcher d’avoir un petit sourire en entendant son fort accent français. C’était mignon! Et ça me prouvait par la même occasion qu’elle n’était pas du coin. Peut-être qu’en France ils n’ont pas les mêmes règles de meute d’ici en Amérique? Je l’avais peut-être jugé un peu trop vite après tout…

-Tu ne t’es pas présenté à moi plus tôt par peur… Suis-je si effrayant que ça?

En posant la question je vis à quel point elle était idiote. Bien sûr que j'avais l'air effrayant! Je mesurais près de 6p3 pouces uniquement constitué de muscle. Je faisais presque le double de sa taille et qui plus est, je me suis montré agressif devant elle dès notre première rencontre. Ce n'était pas très malin de ma part... J'écoutais le résumé de son histoire et je sentis un sentiment de culpabilité montée en moi en flèche. Elle avait été rejetée de son ancien pack parce que son ex-mari avait été renié... Ce n'était pas juste pour elle! Ce n'était pas ses choix qui l'avaient entrainé vers son exile et pourtant elle devait faire avec. Je me sentais tout d'un coup très compatissant. Mais un détail me disait qu'il devait probablement y avoir autre chose. Elle sentait tout de même le vampire! Je devais me fier à ma tête plutôt que de me laisser guider par mes sentiments, j'aurais ainsi probablement un meilleur jugement!

-Hm, je comprends!

Je m'approchais alors de la jeune femme, je ne me faisais plus menaçant, mais je devais tout de même savoir la vérité. Je passais derrière elle pour mieux la sentir. Il n'y avait aucun doute que l'odeur de suceur de sang venait d'elle. Je reconnaissais trop bien cette impression. Je l'avais senti trop souvent avec Debbie... J'étais prêt à parier qu'elle avait bu du sang de vampire avant de venir ici, j'en étais sur à... quatre-vingt-quinze pourcent!

-Et j’imagine que tu voudrais faire parti de la meute de Shreveport? Demandais-je en retournant devant elle. Faire parti de ma meute?

Je plantais alors mon regard dans le sien. On dit souvent que les yeux sont le reflet de notre âme. Qu’à cet endroit, il est possible de savoir si les autres nous disent la vérité. Par la même occasion, j’écoutais les battements de son cœur afin de détecter s’ils allaient accélérer lorsqu’elle allait me répondre.

-Tu sais, si tu veux faire parti de ma meute, tu dois me dire la vérité et l’entière vérité. Je veux absolument tout savoir sur chacun de mes loups. As-tu quelque chose à me dire?

Elle s'était détendue et cela ma soulagea quelque peu. Elle disait vouloir avoir sa chance et je n'avais rien contre cette idée. La seule chose qu'elle devait faire était de me dire la vérité. La stricte et entière vérité. Je ne voulais pas de mensonge quelconque pour bien paraitre! De toute façon, tout fini toujours pas se savoir! Alors, tout aussi bien tout avouer maintenant. Lorsque je le lui demandais, j'entendis son rythme cardiaque se mettre à augmenter à vue d'oeil. Le sang affluait à ses joues. Il était clair que ma question la stressait, mais la balle était dans son camp. Si elle me disait la vérité, je l'accepterais quoi qu'elle ait à me dire. Cependant, si elle me mentait je serais forcé de la chasser de Shreveport. Une idée qui ne me plaisait guerre, mais ce n'était pas à moi de choisir. J'étais presque stressé, ayant peur qu'elle ne fasse pas le bon choix.

Lorsqu'elle avoua qu'elle avait été elle-même banni de sa meute, je retins toute réaction négative de ma part et me contentait de hocher positivement la tête afin de l'inciter à poursuivre sur sa bonne lancée. Ses paroles suivantes me firent frissonner. Les poils de mes bras se redressèrent alors qu'un frisson me parcourait l'échine. J'avais une très nette impression de déjà vue... Elle avait une histoire très semblable à celle de ma défunte Debbie, à l'exception que Debbie avait eue quelqu'un dans sa vie pour l'aider à s'en sortir et que Abigael c'était justement son amoureux qui l'avait entrainé vers la déchéance. Je regrettais amèrement tout ce qui était arrivé à Debbie. Je l'avais aimé de tout mon coeur et j'avais tout fait en mon possible pour qu'elle s'en sorte. Et je n'avais pas réussi... Je n'avais pas été assez fort... Je n'avais pas réussi à trouver les bons mots pour la convaincre de rester sur le droit chemin. Résultat? Elle était morte! Elle avait tenté d'assassiner une de mes amies et elle était morte. Son corps était en train de pourrir dans le fond d'une tombe improvisée quelque part dans les bois près de Humminbird Road. Je soupirais en hochant continuellement la tête.

-Merci de m’avoir dit la vérité! Dis-je en allant m’asseoir par terre.

Je m'adossais contre le tronc de l'arbre dans lequel j'étais perché avant qu'elle n'arrive. Je lui fis signe de s'asseoir à son tour avant de me passer les mains dans les cheveux, enlevant mon bandana par la même occasion. J'avais l'impression que la vie m'avait envoyée la jeune femme pour me donner une deuxième chance. Ou peut-être pour m'aider à faire réellement mon deuil de Debbie. Quoi qu'il en soit, elle n'était pas arrivée à Shreveport pour rien. Elle avait fait le choix de me dire ce que j'avais demandé et c'était maintenant à moi de l'aider à s'en sortir! Et en bon chef de meute, cette fois j'allais réussir!

-Tu sais, c’est possible de t’en sortir! Et la première règle qu’il y a ici c’est d’être clean! Je serais un menteur si je te disais que personne ici n’a pris de « V ». C’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai décidé de prendre les commandes du Pack! Je n’acceptais pas de voir les loups-garous de la meute tomber ci bas… et surtout d’avoir un chef qui les menait vers leur perte. Je me suis battu et j’ai remporté.

Elle avait été honnête avec moi et j’avais bien l’intention de l’être avec elle également! Après tout, une bonne relation commence toujours sur un lien de confiance. Ce que je m’apprêtais à lui compter me nouait la gorge, mais elle devait savoir pourquoi je tenais à ce qu’elle se désintoxique et pourquoi je voulais que toute la meute sans exception ne touche pas au « V ».

-J’ai été fiancé autrefois… C’était une louve tout comme moi. Et je l’aimais d’un amour inconditionnel. Tellement que je passai par-dessus toutes les fois où elle me trompa. Par-dessus toute les fois où elle se droguait. Nous avons rompus un grand nombre de fois, mais quelques semaines voir même quelques jours plus tard on se remettait ensemble. Puis je lui ai donné un ultimatum. C’était moi ou le « V »! J’étais prêt à tout faire en mon pouvoir pour l’aider à se désintoxiquer, TOUT! Je crus qu’elle avait réussi… Jusqu’au jour où elle fit la trahison ultime… Et je l’ai renié. Elle n’existait plus pour moi. Malgré cela, je n’ai jamais cessé de penser à elle. Maintenant elle n’est plus de se monde…

J’avais machinalement baissé les yeux lors de mon récit. Je regardais mes pieds alors que je sentais l’eau me monter aux yeux. Je battis des cils rapidement afin de chasser ses traitresses avant de relever la tête pour regarder la jeune femme dans les yeux.

-Si tu es prête à faire tout ton possible pour arriver à tes buts, tout faire pour arrêter de prendre cette drogue infecte, je suis prêt à t’aider! Nous allons établir des règles strictes ensemble que tu devras suivre sans exception. Mais je dois avoir ta parole! Ton honneur! Les premiers temps tu devras d’ailleurs dormir chez moi… 5 jours semaines! Pourquoi? Parce que la tentation est trop forte quand on est seul. Et c’est non négociable! Je ne dis pas que ce sera toujours rose, je le sais. Ce sera dur, très dur. Mais c'est possible! Et la meute t'aidera, je t'aiderai! Es-tu prête à accepté tout ce que je te demande?  Es-tu prête à intégrer ta nouvelle meute?

Je ne pu empêcher un petit sourire d'apparaître sur mes lèvres lorsqu'elle posa une main réconfortante sur mon bras alors que je lui parlais à coeur ouvert de Debbie. Bien entendu, je ne lui disais pas tout et ce n'était pas nécessaire, mais j'avais bien l'impression que le courant passait entre nous. Loin de moi l'idée de passer pour un faible ou un sentimental, mais j'avais le pressentiment qu'elle comprendrait plus facilement le pourquoi de mes décisions. Elle était encore si jeune et avait toute la vie devant elle. Il était terrible de gâcher sa vie avec du V! Je ne la connaissais presque pas, mais j'étais toujours certain qu'un avenir radieux se dressait devant elle. Pour autant qu'elle continue dans la voie que je lui offrais.

-Tu es encore si jeune! C’est le bon moment pour changer tu ne trouve pas?

Je sentais dans sa voix plus d’assurance qu’elle en avait eue lorsque je l’avais surprise et c’était bon signe. Elle était plus que prête à faire le nécessaire pour s’intégrer et j’en étais content. Elle pourrait fort probablement apporter bien des plus à la meute si elle s’en donnait la peine et c’était exactement ce dont j’avais besoin. Tout d’un coup, je me disais que des jours meilleurs étaient maintenant devant nous. Je lui tendis alors la main.

-Rien de mieux qu’une bonne poignée de main pour scellé un accord n’est-ce pas?

Je lui serrais alors la main en mettant juste assez de pression pour lui montrer que j’étais bel et bien fort. Certain son gonflé de muscle, mais ne sont pas réellement fort. Ce n’était cependant pas mon cas. Je laissais filtré un peu de mon énergie de dominant qui coula de ma peau pour envelopper la main de la jeune femme, la faisant frissonner.

-Je compte sur toi! Dis-je alors le plus sérieux du monde.

J'éclatais de rire lorsqu'elle me dit qu'elle n'était pas facile à vivre au quotidien. Si elle prenait soin de me le dire c'est qu'elle n'avait vraiment pas connu Debbie. J'en avais vu de toutes les couleurs avec cette dernière et plus rien ne pouvais m'étonner. Je savais d'avance qu'Abigail allait finir par succomber à la tentation et que j'allais devoir la gronder. Je savais que j'allais devoir lui faire des sermons aux petites heures du matin parce qu'elle allait entrer après le couvre-feu que je lui aurais au préalable donné, mais tout ça faisait partie de ce que j'étais prêt à faire en tant de Pack Master. Être chef ne signifie pas seulement de diriger d'une main ferme, mais aussi d'être là pour les membres de sa meute peu importe leurs besoins. Abigail avait des besoins plus grands que d'autres et cela ne signifiait pas qu'ils étaient moins importants puisqu'elle venait d'arriver. Elle m'avait donné sa parole d'honneur et j'avais fait de même. En fait, je passe ma vie à aider les autres, à aider ceux que j'aime. Et j'imagine qu'un jour, cela va me revenir en temps voulu.

-Oh mais je ne doute pas que tu vas me donner bien du fils à retordre, mais je suis déjà prêt à l’affronté!

Je lui fis alors un clin d’œil avant d’écouter ce qu’elle avait à me dire. J’eus le cœur gros en apprenant que son père était chef de meute et qu’il la renia devant tout le monde. C’est un lourd fardeau de renier quelqu’un… alors je n’imagine pas ce que c’est d’être renié par son propre sang. Malheureusement, je ne pouvais rien faire pour changer son passé. Mais tout était possible pour son futur et j’avais bien l’intention de ne jamais la laisser tomber. Peux importe les circonstances.

-Tu pourras toujours compter sur moi!

Je me mordis la langue en faisant cette promesse. Il serait très dur de la sauver d’elle-même et rien ne me garantissait qu’elle ne me trahisse jamais. Mais elle avait sa chance et j’étais convaincue qu’elle allait la saisir. Elle savait ce que j’avais vécu avec mon ex et j’espérais que ma touchante histoire suffirait à la convaincre de ne pas aller aux extrêmes comme l’avait fait Debbie. Comme on dit, la balle est dans son camp! Je passais alors un bras autour des épaules de la jeune femme pour l’encourager. Puis une idée me vint en tête.

-As-tu encore du V présentement chez toi?

Si elle me répondait par l'affirmative, j'allais insister pour qu'on aille se débarrasser de cette merde! Et à bien y penser, même si elle me disait non nous allions tout de même aller faire un tour chez elle afin que je vérifie par moi-même qu'il ne reste plus rien. Ce n'était pas que je ne lui faisais pas confiance, seulement que je savais ce que quelqu'un d'accro était capable lorsqu'il s'agit du sujet de son addiction. Et par la même occasion, ça me permettrait de voir où elle habitait!

Je secouais négativement la tête en entendant ses supplications. Ce n'était pas que je ne voulais pas lui donner cette chance, mais j'avais trop souvent entendu les mêmes paroles venant de la bouche de Debbie et j'avais trop souvent cédé pour savoir que ce n'était pas une bonne idée d'accepter. Je ne la connaissais pas et je ne savais pas quel était son niveau de tolérance, mais j'avais bien l'intention de la mettre à rude épreuve et de la pousser au bout de ses retranchements pour ensuite l'aider à se relever. Il était trop facile de dire « une dernière fiole et c'est tout! », mais il y en avait toujours une dernière. Si ce n'était pas celle-là, cela en serait une autre, puis une autre encore! C'était aujourd'hui qu'on y mettait fin et c'était tout simplement non négociable.

Je me tournais vers elle pour planter mon regard dans le sien. Avant de parler, je lui laissais voir ce que je ressentais. Je lui laissais le temps de se calmer elle aussi et d'entendre les battements de mon coeur qui étaient stables et réguliers. Je voulais qu'elle sache par elle-même que je n'étais pas fâché et que je comprenais ce qu'elle ressentait. J'avais promis de l'aider et ça commençais maintenant. Pas demain ou dans une semaine, maintenant! À partir de ce moment même, je serais toujours là pour elle. Dans les bons comme dans les mauvais moments. Je voulais qu'elle puisse se tourner vers la meute pour l'aider à passer au travers de sa dépendance. Je voulais qu'elle laisse son esprit d'animal reprendre le dessus avec son envie d'avoir une vie saine et remplis de bonne chose. Je voulais qu'elle se sente de nouveau comme une vraie louve, sans les mauvais côtés de l'ombre que les vampires avaient emportée avec leur sang contaminé. Je voulais qu'elle reprenne contact avec ses racines, avec la nature, quitte à passer une semaine avec elle en camping dans les bois loin de toute civilisation. À chasser sous notre forme de loup pour manger et nous sentir vivant!

-J’ai promis de t’aider Abigail et ce sera trahir ma parole que de te permettre de consommer cette dernière fiole. Dis-je d’une voix calme et assurée. Ta dernière dose, tu l’as déjà pris avant de venir ici. Tu en a plus besoin d’autre.

Je me levais et lui tendais les mains afin de l'aider à ce relevé à son tour. Mon choix était fait : nous allons chez elle afin de vider la dernière fiole dans le lavabo. Et ce n'était pas moi qui allait le faire, mais elle afin de me prouver toute sa bonne volonté. Et de ce prouver à elle-même par la même occasion qu'elle était capable de le faire. Il y avait bien des choses que j'avais fais de travers avec Debbie et j'avais bien appris de mes erreurs. Il n'y avait aucune chance que je recommence. Cette nuit, elle allait dormir chez moi : avec moi! Non, je n'avais aucune idée déplacée derrière la tête, mais je voulais être près d'elle lorsqu'elle se réveillerait en plein milieux de la nuit prise d'un vent de panique. J'étais même prêt à dormir par terre s'y elle n'était pas à l'aise d'être dans le même lit que moi. Quitte à ne passer une nuit blanche s'il le fallait, mais mon choix était définitif!

-Nous allons chez toi maintenant. Dis-je d’une voix qui n’appelait pas à argumenter, mais qui était tout de même calme et posée.