Alors là, rien n’allait plus du tout, du tout dans l’hôpital de Shreveport. De quoi parlons-nous ? D’une grosse coupure de courant ? Non. D’une pénurie quelconque ? Non. Non, la raison pour laquelle l’hôpital n’allait plus et que l’univers de Hank était tout chamboulé, c’était que Eleanora et John s’étaient disputés. Pas qu’un peu. En fait, ils s’évitaient soigneusement depuis et le brancardier voyait les deux parties dépérir dans leur coin sans pouvoir y faire grand-chose. Bon, après, il faut dire que vu ce qu’a vécu Elea, il est compréhensible qu’elle rejette John en découvrant sa nature. Mais…Mais enfiiiin, ils sont faits l’un pour l’autre ça crève les yeux bon sang !!! Allez, on se calme Henry, on reste zen et on tente de prendre cela de manière rationnelle. Primo, Elea a vécu des trucs pas cool du tout à cause de vampires. Bon, ça arrive, malheureusement, et c’est la vie qui est injuste. Secundo, John est un des vampires les plus calmes et les plus adorables que Henry a pu rencontrer et dieu sait qu’il en a rencontré un paquet dans la ville durant ces dernières années. Donc, même si John est adorable et pacifiste et un chou à la crème anglaise…Ouais non, même en étant rationnel il n’y arrivait pas. Il n’arrivait pas à comprendre où ça avait pu bloquer entre les deux tourtereaux. Enfin, ils étaient devenus inséparables avant cette histoire...

C’est pour cela que le jeune homme avait décidé de recoller les morceaux à sa façon, pour les aider (et aussi, surtout, pour satisfaire sa curiosité et son envie intrinsèque de comprendre toute chose). Donc, il allait aller voir Eleanora juste après la fin du service de cette dernière avec une offrande nutritionnelle (parce que ça n’avait échappé à Hank que la pédiatre mangeait plus tant que ça ces derniers temps, bizarrement, il aurait cru le contraire m’enfin) qui consistait en des sandwichs jambon-fromage. Pas la peine de se moquer, il sait faire la cuisine quand il s’applique mais les trucs qui survivent bien le réchauffage au micro-onde sont rares dans ce qu’il sait faire alors autant opter pour un truc simple qu’en général tout le monde aime. Ca et des petits gâteaux gallois qu’il fait de temps en temps. Il alla donc toquer à la porte et passa juste sa tête quand il n’eut pas de réponse à son deuxième coup à la porte. Et rien qu’à voir la tête d’Eleanora, Henry a envie de foncer sur elle pour lui faire un énorme câlin de bisounours hyperactif mais il se retint et rentra pleinement dans la pièce en prenant soin de fermer la porte derrière lui, montrant la boîte de nourriture comme un gage de paix. Il eut un petit rire à sa question.

"Ca serait plutôt à moi de te poser la question, tu ne penses pas ? Comment tu te sens ?"

Il va s’asseoir à côté de la jeune femme et lui ouvre le boîte, la lui tendant doucement, pas prêt de partir tant qu’elle n’en n’aura pas manger au moins un en entier, peu importait le temps qu’il lui faudra. Surtout vu la réponse qu’elle lui donna. Sérieusement ? Henry ne se priva d’ailleurs pas pour hausser un sourcil vers la pédiatre l’air de dire « tu rigoles ou tu plaisantes ? ». Puis il se radoucit, passe un bras compatissant autour des épaules d’Eleanora quand il la voit réprimer difficilement un sanglot. La pauvre, elle ne mérite pas de souffrir comme ça.

"Si ça peut te rassurer, ça commençait bien…" tenta-t-il avec un air amusé et doux. Il détestait voir ses amis souffrir. Cela valait aussi bien pour elle que pour John "Racontes-moi ce qui ne va pas."

Il la laissa prendre son temps, manger aussi (alléluiaaaaaa elle mangeait les sandwichs !). Puis elle s’est lancée et Henry serre un peu plus ses épaules.

"Ca veut peut-être dire qu’il faut revoir certaines notions. Ou du moins les adapter. S’il te manque plus qu’il ne te faite peur, c’est quelque chose de positif, tu ne crois pas ?"

Oui, bon, c’est un peu capilotracté comme théorie, mais si on y réfléchissait bien, ça n’était pas sur idiot : John lui manquait, ce qui voulait donc dire qu’elle avait assez d’affection pour lui qui éteignait cette peur viscérale envers les vampires, donc qu’elle avait envie de passer du temps avec lui et donc…Ouais okay, il se perdait aussi au bout d’un moment…

D’un coup, Henry se sent un peu bête. Non pas qu’il ne puisse pas comprendre Eleanora. Au contraire, aussi addict du surnaturel puisse-t-il être, s’il avait surpris un vampire en train de se nourrir goulument de poches de sang de l’hôpital, il aurait probablement eu une peur bleu lui aussi. Parce qu’un vampire qui se nourrit de poche de sang ne veut dire qu’une seule chose : qu’il n’a pas mangé depuis un moment et qu’il est désespéré de trouver une source d’alimentation, même si ça veut dire une poche de sang qui risque de ne plus être tout à fait correcte d’un point de vue alimentation mais qui permettrait la survie. Non il se sentait idiot parce que c’était un poil à cause de lui que John devait avoir piqué dans les réserves de sang. Il s’éclaircit la gorge pour la bonne forme, pour se sortir l’esprit de cette espèce de culpabilité naissante que c’était peut-être de sa faute si le couple Eleanora et John avait implosé si tôt. Il cacha cette gêne avec un petit rire qui, à cause des nerfs, se transforma en véritable fou-rire. Bon sang il fallait qu’il arrête, elle allait croire qu’il se moquait d’elle et de ses problèmes alors que c’était tout le contraire. Il prit bien cinq minutes pour se calmer, alors qu’elle continuait à lui parler, l’écoutant autant qu’il le pouvait. Quand il fut calme (si ce n’est pour quelques soubresauts résiduels), il posa une main sur celle de la pédiatre et reprit la parole.

"Alors, premièrement, John te faire du mal, je ne pense pas que ça puisse arriver. Je pense qu’il avalerait de l’argent liquide avant de prendre le moindre risque de te faire du mal." Il allait continuer quand sa question lui parvint et il lui lança un regard disant clairement « stop trying to bullshit me sweetie » et hocha la tête en validation de son affirmation d’être de mauvaise foi "Le pourcentage exacte je ne peux pas le savoir, mais des gentils vampires oui j’en connais, qui ne morde pas ça n’existe pas, mais qui ne mordent pas sans permission et en faisant en sorte de ne pas faire mal et de ne pas mettre en danger la vie de son donneur oui, j’en connais plusieurs. Tu sais, les vampires sont comme les humains d’un point de vue bon/mauvais côté de la force. Il y a des serials killers chez les humains, il y a des serials killers chez les vampires aussi. Mais ils ne sont pas obligés de tuer pour se nourrir. A dire vrai il y en assez peu qui – "

Il fut interrompu par une nouvelle question d’Eleanora, ce qui lui fit remarquer qu’il avait complètement zappé une partie de ce que lui avait dit son amie. Tant pis, pour l’instant il était trop occupé à fanboyiser sur cette entière situation pour vraiment en avoir quoi que ce soit à faire. Eleanora venait de lui demander des nouvelles de John ! Oui ça a l’air ridicule dit comme ça, mais vous ne vous rendez pas compte de ce que ça veut dire pour quelqu’un comme Hank ; ça veut dire que la pédiatre voulait avoir des informations sur John, qu’elle tenait encore assez à lui pour s’inquiéter de son bien-être. Il n’avait jamais cru qu’ils pourraient rester éloignés bien longtemps. Pendant une seconde, le côté malicieux de Hank voulu ressortir mais non, ça n’était pas bien de jouer avec les sentiments d’une pauvre femme déçue en amour. Il poussa cependant un lourd soupir, histoire de faire comprendre que ça n’était pas du joli joli.

"Il…Va pas mieux que toi. Je m’inquiète je dois t’avouer. Je ne connais pas assez bien la psychologie d’un vampire pour savoir s’il y a de réelles différences d’avec un humain quand on parle de peine d’amour. Sérieusement. Oui, je sais j’admets ne pas être un puits de science mais c’est vrai." Une blague histoire de dérider un peu l’atmosphère "Tu lui manques aussi. Mais je n’ai pas eu tant de temps pour en discuter avec lui, j’ai du mal à le croiser ces derniers temps. Je me demande s’il ne m’éviterait pas un peu. Ce qui m’inquiète. En plus de lui servir d’ami à temps partiel, parce que bon, ça ne peut être que du temps partiel avec un vampire, je veux dire je suis mortel lui non, enfin je me comprends bref, j’étais là pour l’aider à garder son secret caché aux yeux du reste de l’hôpital, tu devines pourquoi. Le fait qu’il m’évite me donne à penser qu’il se fiche des risques et je n’aime pas ça."

"C’est pas faux ça."

C’est vrai qu’en y réfléchissant bien, John était probablement le vampire le plus humain que Hank ait pu rencontrer. Il refuse de se nourrir de donneurs à moins de ne pas avoir le choix, il fait toujours attention à bien garder ses crocs à couvert (sauf quelques cas précis mais c’était une autre histoire pour un autre temps), bon sang il était même tombé amoureux d’une humaine. Oui bon ça il ne devait pas être le seul, clairement, cependant c’était bien la première fois que le brancardier entendait parler de ce genre de relation dans des termes à long terme. Pour John, Eleanora était LA femme, point final. Une partie de l’esprit du jeune brun, celle qui ne cessait jamais de vouloir tout comprendre aurait voulu poser plus de questions à ce sujet-là, de façon à en savoir plus. C’était pourtant quelque chose qu’il ne pouvait pas faire en toute impunité ; c’était leur vie privée et il se devait de la respecter, même si sa curiosité et son envie d’en savoir plus était omniprésente. Parfois, la science le poussait à ignorer complètement les limites de la bienséance et surtout de la vie privée. Il retourna son attention envers la pédiatre à ses côtés et poussa un douloureux soupir en se frottant le visage à deux mains.

"C’est bien ça qui m’inquiète. John est quelqu’un de sociable…Le fait qu’il s’éloigne comme ça des gens n’est pas dans ses habitudes."

Lui, tenter de faire culpabiliser la gentille et adorable Eleanora ? Nooooon voyons ; ça n’était pas dans les habitudes du jeune homme ce genre de méthodes…Ahem. Il est vrai que, généralement, ça n’était pas son genre de faire culpabiliser les gens pour arriver à leur faire faire quelque chose, mais là c’était un cas de force majeure ! Il y avait un couple sur la sellette ici, il fallait bien que quelqu’un y remettre de l’ordre. Accordé, Hank devait bien être le dernier à être capable de le faire, lui qui n’a  jamais eu de relations longues  et/ou réellement fonctionnelles, mais il voulait les aider, du mieux qu’il le pouvait et si ça voulait dire utiliser des méthodes peu recommandables afin d’arriver à ses fins…Pourquoi pas ? Ce n’est pas comme s’il en venait à tuer quelqu’un non plus, il forçait juste un peu de culpabilité dans l’esprit d’une de ses amies afin qu’elle se bouge pour aller recoller les morceaux avec l’homme de sa vie. Ou le vampire de sa vie, au choix. C’est pareil, la personne qui lui était destinée. Très idéaliste dit comme ça, mais Hank est un éternel romantique qui ne le dit pas. Quand elle émet l’idée de l’appeler voire, ça serait tellement mieux, d’aller le voir, le brancardier doit se retenir de sauter de joie à l’idée que, finalement, il va peut-être arriver à faire quelque chose ! Il doit même retenir son sourire idiot et absolument ravi ; il est censé être inquiet.

"Alors n’attends pas. Va le voir quand il termine son service. Si tu veux je t’accompagne. Promis, je me cache et si ça dépasse le rating Pegi 16, je vous laisse seul. J’aime autant rester avec assez peu d’informations sur cet aspect de votre relation." Il offrit un sourire amusé à la brune et serra sa main de manière rassurante "Tu trouveras les mots, tu verras. Laisses ton cœur parler, point final. Eteins ton cerveau et laisses ton instinct faire le travail pour toi. Tu vas voir des fois ça marche du tonnerre."

Il offrit le plus grand et le plus gooffy des sourires qu’il pouvait avoir en réserve.

Voilà ce que Hank voulait entendre venant d'elle. Au final, la convaincre d'aller voir John ne fut pas bien compliqué; il lui manquait et le revoir était quelque chose qu'elle souhaitait de toute façon. La seule difficulté aurait été de lui faire vaincre sa peur si jamais Eleanora avait réellement une peur panique des vampires. Là, ça aurait probablement demandé beaucoup plus de travail en amont avant de pouvoir aller se réconcilier avec le médecin. Ici ça avait été un jeu d'enfant. Hank en aurait presque sauté de joie tant il était content. Ha! Dans les dents de ceux qui pensent qu'un geek ne sait rien des relations humaines! Ou encore que le brancardier est trop hyperactif pour se concentrer sur une seule chose à la fois et est incapable de mener à bien une tâche de cette envergure. Le gallois sait très bien gérer ses projets. C'est juste qu'il n'a pas un esprit qui fonctionne exactement comme les autres...bon ok, et qu'il est effectivement hyperactif. Cependant il a arrêté de prendre des médicaments quand il avait quinze ans, ça ne faisait que lui embrouiller un peu plus la tête. Bref, on s'égare là. Le fait qu'en plus elle veuille y aller seule le rassurait. Il n'aurait pas été aussi à l'aise qu'il le montrait près des deux tourtereaux. Il préférait leur laisser leur intimité. Bon il veillerait quand même à ce qu'elle ne rebrousse pas chemin à la dernière minute, histoire de dire, mais il ne les espionnerait pas. Il ne l'aurait pas accompagner dans le bureau de John non plus. À un mètre tout au plus de la porte. Ouais, bon, le vampire aurait pu le sentir arriver de toute façon.

Quand elle lui dit qu'il pourrait l'aider, son visage s'illumina. Henry était comme un gosse à qui on aurait laisser le meilleur des suspens...le voilà pendu aux mots de la jeune femme, attendant impatiemment de savoir comment il pourrait apporter son aide à réconcilier un couple qui n'aurait jamais du se séparer en premier lieu. La mission qu'elle lui donna était...simple, mais tout à fait dans ses cordes. Elle a bien dis distraire, pas être agréable, donc il pouvait le faire. Oh, non pas qu'il ne puisse pas être agréable aux gens (bien au contraire) mais devoir être agréable à Andy le chef de service qui se pense tellement beau que personne personne n'égalait pas sa beauté, qui ne vient pas la vanter bien sûr, était probablement hors de sa portée. Cependant l'occuper le temps de...tiens d'ailleurs, il lui faudrait combien de temps?

"Compte sur moi Elea! Tu peux m'appeler Hank d'ailleurs, tu fais partie de la famille presque! Bref. Il te faut combien de temps? Que je sache si je dois complimenter sa cravate ou sa tenue entière."

Ouais, il n'allait pas chercher plus loin. Andy se distrayait facilement par des compliments sur sa tenue, ses cheveux, sa bonne forme générale et hop! Le voilà partie dans un délire de bogossitude absolue dont, au final, Hank aurait probablement plus de mal à s'extirper qu'autre chose. Sinon, bon point pour Andy et qui aiderait probablement l'humain, le chef de service était bien trop poli (choquant je sais) pour interrompre quiconque est en train de parler (bon sauf cas de force majeure comme un appel au micro ou sur son bipper), et Hank détenant la palme d'or du nombre de mots à la minute...Il ne sera pas difficile de le garder sous son emprise quelques minutes. Surtout s'il lui posait des questions médicales par la suite.

Une fois qu'Eleanora lui donna une réponse le jeune homme lui fit salut militaire en bonne et due forme et il sortit, direction le bureau d'Andy, en priant qu'il soit dedans. Oh, miracle et merci qui que ce soit qui fait la karma, il était là!

"Salut Andy! Dis-moi, superbe ensemble aujourd'hui, je t'avais pas croiser aujourd'hui, heureusement que je le fais maintenant..."

Et voilà la machine lancée. Il n'avait plus qu'à attendre le signal qu'ils avait convenue avec la pédiatre pour qu'il relâche le chef de service de son emprise parolière et qu'il aille vomir un coup. Non parce qu'il n'était pas un pro de la mode, mais là...La cravate command Gold tout droit sorti du polo de Kirk avec la chemise orange...pouah! Ça pique les yeux. Hank à du se retenir de plisser les yeux tant c'était agressif...