Un café à la main, les jambes croisées sur le bureau miteux, Valentina pensait à de nombreuses choses à la fois. C'est en regardant l'état de son office, ou plutôt cette cage à lapins au-dessus d'un traiteur chinois douteux qu'elle réalisa que deux mois plus tôt, elle vivait encore dans cet endroit étrange et antipathique, aux conditions extrêmes, sous le joug de leur reine qui n'était pas exactement un modèle de douceur et de délicatesse. Reine ? Reine de quoi ? D'un banc de sable et d'une tribu de fée perdues, le fruit à la main. Comment avaient-elles pu dériver à ce point là ? Elle avait beau se repasser les choses en boucle, rien n'y faisait, il n'y avait pas solution miracle qui éclatait devant ses yeux, pas de révélation, pas d'illumination. Quelque chose, avait un jour chié quelque part. Et depuis... Depuis tant de choses. Elle ramena la tasse de café amère jusqu'à ses lèvres et en but une gorgée, se mettant en équilibre sur sa chaise pour tenter d'arranger ses stores, qui de toutes façons, étaient en fin de vie. Après une position bancale pour une autre, elle reposa avec prudence les deux pieds de sa chaise au sol, trop consciente des dangers du funambulisme et de la tasse à café trop chaude.

Elle avait pourtant été une fée exemplaire. Fille de Cléo, dont elle portait toujours le nom. Elle avait suivi, obéi aux règles, s'était pliée aux caprices d'une reine légèrement ...Folle. Oui voilà l'adjectif qui lui venait aux lèvres. Folle, totalement cinglée celle ci. Elle les avaient traînés d'un monde à l'autre, comme si toute la colonie avait subitement des envies de conquêtes interstellaires. Ils étaient des fées, pas des putains de stormtroopers se disait la blonde en reprenant encore une bonne gorgée de café. Elle avait été dans cet endroit étrange, et même adhéré à certaines idées un peu moins farfelues. Rassembler le peuple, pourquoi pas. D'autant plus que sa propre mère semblait assez volontaire dans ce domaine. Et même beaucoup trop volontaire goût de Valentina, qui avait au fil du temps pris un peu de recul. S'ils avaient été un jour rayonnants de bonheur et de bonne volonté, les siens apparaissaient désormais à ses yeux comme une bande d'aliens junkies. Elle n'avait jamais vraiment adhéré à leur nouveau grand méchant look, d'ailleurs. Valentina reposa sa tasse sur une pile de papiers qui avaient déjà droit a une douzaine d'auréoles marrons et fronça les sourcils en ramenant ses mains sous son menton, décroisant ses jambes de sauterelle pour les recroiser à l'envers, toujours sur son bureau.

Bordel. Elle se souvenait de tout, de la révolte, de Jack cet espèce de Diderot surexcité de la paillette qui l'avait finalement convaincue de revenir sur terre, où l'herbe faute d'être plus verte avait le mérite d'exister. Tout ça pour finir une semaine plus tard dans un caniveau, vêtue de sa plus jolie robe de romaine, fuyant une bande de vampires qui n'étaient pas là avant. Heureusement pour elle, elle avait été retrouvée par une des siens. Elena. Une fée qui l'avait recueillie et lui avait appris les quelques nouvelles modifications du niveau de vie sur Terre. Autrement dit, c'était la fête au suceur de sang. Ils étaient reconnus publiquement, parlaient politique et ouvraient même des bars. Ils buvaient ce sang de synthèse étrange. Valentina n'était pour ainsi dire pas vraiment fan du concept. Pour elle, les créatures des ténèbres étaient très bien, oui, mais entourées de chaînes et de poids, au fond de l'océan atlantique.

Elena, douce et prévenante, était tout ce que les fées n'étaient plus. Elle plut aussitôt à Valentina, qui trouva en elle ce que sa mère avait été parfois. Un jour. Désormais, dans les yeux de Cléo brillait la flamme de la détermination, et celle de l'ambition dévorante qui faisaient d'elle un ennemi redoutable, et une figure maternelle de plus en plus froide pour la jeune fée. Leurs avis divergents, elle avait préféré fuir plutôt qu'affronter ou tenter de convaincre sa mère. Valentina n'était pas une idiote, et n'avait pas envie de se dresser des siècles durant contre sa mère. Elle préférait encore disparaître, sans sommation. Retourner dans leur ancien monde, et trouver de nouvelles têtes malgré la douleur d'un foyer qu'on quitte, une famille qu'on délaisse. Elena lui avait offert ce qu'elle n'avait pas espéré trouvé : une maison. Un toit, une présence, et un lien avec sa race qui semblait être très peu représentée désormais.

Têtue, Valentina s'était cependant rapidement organisée pour aider cette bienfaitrice qui lui avait carrément sauvé la vie. Apprenant, engrangeant un maximum de connaissance sur les nouvelles règles qui régissaient le monde des humais, elle s'était décidée à faire un métier. Pas trop compliqué, et qui rapportait. Et quoi de mieux pour une télépathe que d'être détective privée ? Il lui suffisait de poser des questions, écouter les esprits, et tout balancer moyennant une certaine somme d'argents. Elle avait prouvé un grand nombre d'infidélités, arrangés quelques affaires d'héritages, et fait quelques boulots qui n'avaient nécessité de sa part qu'un peu d'écoute. LE reste du temps, elle le passait étalée dans son bureau ridiculement petit, à boire du café et attendre qu'il se soit passé un laps de temps raisonnable avant de rappeler ses clients.

Detective privé était une bonne idée. Du moins sur le papier, car la plupart du temps, chercher les preuves était fastidieux, il fallait amener les personnes interrogées à penser à ces dernières. C'était fatiguant, il fallait poser au moins... au moins 4 questions. Valentina s'étira et avisa une petite pile de dossiers traités. Souvent des histoires d'adultères, les humains étant plutôt doués pour ruiner leurs foyers. Les hommes surtout, qui cherchaient dans les filles de vingt ans ce qu'ils n'arrivaient plus à avoir avec leur femme de 40 ans. Mais qui était-elle pour juger ? Une simple fée, vautrée dans un cagibi avec du café à foison. Qu'on payait par cash. Elle séparait les recettes en deux : une partie pour Elena, qui était déjà bien gentille de lui avoir fait une place sous son toit, et une part pour elle, qui filait majoritairement en alcool et en cigarettes. Elle s'était aussi fixé un but, celui d'acheter un véhicule, elle avait pensé à une moto pour profiter de la clémence du temps à la nouvelle Orléans.

Mais Valentina n'avait pas que son petit monde à faire tourner. Elle espérait au fond d'elle même pouvoir approfondir ses recherches de la vérité. La vérité qui n'était pas celle de Madd, ni celle de Jack, une vérité qu'elle comptait forger elle même en rencontrant tout les acteurs de la pièce. Elle devait retrouver Alana, lui demander pourquoi était-elle vraiment partie. Après tout, l'amour du père n'était pas si important, et sûrement pas un trait propre à leur race. Pourquoi la blonde avait-elle dont décidé de revenir ici pour lui ? Pour les mêmes raisons qu'elle ? La reine était certes tyrannique mais elle n'avait convaincu qu'une petite partie de leur population a chercher un meilleur avenir ailleurs. Puis il y avait aussi ce vampire. Cet enfoiré de vampire qui avait vidé sa tante. Saignée à blanc. Comme du bétail. Et ça la rendait folle de colère. Comment en était-elle arrivée là, pourquoi s'était-elle laissée faire ? Comment n'avait-elle pas pu résister à ce suceur de sang ? Les fées étaient-elles donc si affaiblies ?

Partir sur ce banc de sable était, semble t-il, la pire idée qu'on eut jamais eu chez les siens. Déserter le terrain et laisser la mauvaise herbe repousser, c'était cela qui était arrivé. Et maintenant Valentina essayait de ne pas trop se promener la nuit, de peur d'attirer un chaland de l'hémoglobine, un peu trop passionné par son odeur de barbapapa. En plus ces créatures étaient vraiment immatures. En bons bébés, ils n'arrivaient même pas à cohabiter avec les humains en dépit du true blood et des volontaires qui adoraient se faire vider et baiser par les créatures du mal. Elle attrapa un petit stylo et gribouilla un portrait mal esquissé sur un coin de page. Une tête avec de tout petits yeux et des cheveux blonds, et dessous : "Eric Northman, gros bébé 2014, connard en chef" Elle regarda son oeuvre d'art et soupira lourdement. La peine était bien réelle, mais elle ne se laissait pas assommer par cette dernière, de nature combattive. Mais comment combattre ce dinosaure de l cruauté? Autant se ramener avec un bouquet de fleurs dans une ruche.

Le temps passait dans ce monde ci plus vite que partout ailleurs. Comme faisant tous partie d'une immense fourmilières, les gens communiquaient, parlaient, se battaient, se retrouvaient. Tout était éphémère même les vampires. Elle était là, à regarder tout ce monde agir. Assis sur sa chaise. Tranquille comme tout. Elle aimait sa routine, les jours qui passaient, mais le désir d'être éclairée passait désormais au delà de tout. Il passait sur le reste, et l'empêchait peu à peu de faire ses nuits. Elle voulait savoir ce qui avait poussé Mabbs a partir, les siens à décamper. Et savoir ce qu'il allait advenir des humains, ces merveilleux petits merdeux, perdus et seuls au milieu d'un vaste océan de créatures toutes plus avides les unes que les autres.



Hello ! Derrière mon personnage qui ressemble à deux goûtes d'eau à Anna Selezneva, je suis en réalité un/e fille, j'ai 21. Je m'appelle Manon-Mélody mais on me nomme aussi patate sur la toile. Ma présence sur le forum sera de 5/7. Je fais environs un très variable de lignes. J'ai connue le forum grâce à google. Mon mot de la fin sera pouet